- 1. Les théories de base du taux de change
- 2. L'énigme de l'imprévisibilité
- 3. Le rôle de l'information à travers la microstructure du marché des changes
- 4. Le renouvellement des théories du taux de change d'équilibre à moyen et long terme
- 5. Vers une unification des théories du change ?
- 6. Bibliographie
CHANGE Les théories du change
Le rôle de l'information à travers la microstructure du marché des changes
L'approche du taux de change par la microstructure – qui étudie la structure détaillée des échanges – suppose que les caractéristiques institutionnelles du marché des changes et les différences entre les participants au marché ont un impact notable sur le niveau et la volatilité du taux de change. L'organisation pratique des transactions conditionnerait la transmission des informations entre les différents intervenants. En outre, même s'ils disposent d'informations identiques, deux intervenants pourraient former des prévisions différentes du fait de la diversité de leurs objectifs (couverture du risque de change ou, au contraire, spéculation) et de leurs horizons de décisions (intra-journalier, journalier, hebdomadaire, mensuel, etc.).
Au sein du marché des changes, les intermédiaires (cambistes) occupent une place particulière dans la mesure où ils bénéficient d'une information privée provenant des flux d'ordres reçus de leur clientèle. Cette situation privilégiée leur permet d'ajuster plus facilement leurs portefeuille de devises et de ne pas faire trop d'erreurs dans les cotations de change qu'ils proposent (prix d'achat – bid – trop élevé ou prix de vente – ask – trop bas). Contrairement à l'hypothèse d'information parfaite sur laquelle reposent généralement les modèles macroéconomiques, l'information sur le marché des changes n'est pas ici supposée également répartie. Les flux d'ordres reçus par chaque cambiste ne sont pas, en effet, une information publique. Les taux de change ne sont pas uniquement influencés par les annonces macroéconomiques, ce qui peut expliquer les résultats décevants des modèles traditionnels.
Une autre conséquence de l'organisation décentralisée et continue des échanges de devises est l'existence de transactions à des cours pour lesquels l'offre peut être inférieure à la demande, ou inversement. Ces transactions hors équilibre, qui peuvent agir durablement sur la trajectoire des taux de change, sont rendues possibles par la nature des ordres passés. Les ordres transmis à un intermédiaire relèvent essentiellement de deux grandes catégories : les ordres au mieux, exécutés immédiatement, au meilleur cours dont dispose l'intermédiaire, et les ordres à prix limite, exécutés dès qu'une limite de prix (plafond pour un achat, plancher pour une vente) est respectée. Les ordres de change au mieux sont ainsi immédiatement exécutés, sans attendre un éventuel ajustement des cours vers l'équilibre, tandis que les ordres à prix limite attendent que le cours atteigne un seuil, seuil qui peut ne jamais être atteint et a peu de chances de coïncider avec le prix d'équilibre.
Richard Lyons (2001) propose de combiner les approches macroéconomique et la microstructure pour améliorer les performances empiriques des modèles de détermination du taux de change. Si les variables de microstructure (flux d'ordres, position de change de l'intermédiaire) révèlent des informations privées (par exemple, un changement futur de politique monétaire) susceptibles d'influer sur la détermination du taux de change, cela peut alors expliquer pourquoi les modèles macroéconomiques peinent à rendre compte des variations de change. Les premiers résultats obtenus par des modèles de change mixant variables macroéconomiques et variables de microstructure sont encourageants : les flux d'ordres de change cumulés expliquent une part significative des fluctuations de change à court terme mais aussi à long terme, ce qui permet d'améliorer les performances des modèles de change. Par ailleurs, la théorie de la microstructure permet d'expliquer le volume exorbitant des échanges journaliers de devises entre institutions financières, non tant par une frénésie spéculative[...]
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Écrit par
- Hélène RAYMOND-FEINGOLD : professeur des Universités en sciences économiques, université de Lille-II
Classification
Média
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