- 1. Comment a-t-on pris conscience de l’effet de l’homme sur le climat global ?
- 2. L’homme a-t-il déjà influencé le climat global ?
- 3. Quelle pourrait être l’ampleur des changements climatiques futurs ?
- 4. Comment le changement climatique affecte-t-il les sociétés humaines et les écosystèmes ?
- 5. Comment limiter les changements climatiques futurs ?
- 6. Comment s’adapter à ce changement climatique ?
- 7. Bibliographie
- 8. Sites internet
CHANGEMENT ANTHROPIQUE DU CLIMAT
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On entend par changement anthropique du climat les modifications du climat qui sont liées aux activités humaines (dites anthropiques). L’augmentation de la concentration de l’atmosphère en dioxyde de carbone (CO2) résultant de ces activités est la principale cause du réchauffement global observé depuis la fin du xixe siècle. Durant le xxie siècle, ce réchauffement pourrait être faible (inférieur à 2 0C par rapport à l’ère pré-industrielle) si les émissions de CO2 et des autres gaz à effet de serre (GES) sont drastiquement réduites, mais il pourrait atteindre de 3 à 5 0C si rien n’est entrepris. Plus le réchauffement est élevé, plus les changements climatiques perturberont les écosystèmes et les sociétés humaines. Le stopper nécessite de mettre en place la « neutralité carbone », c’est-à-dire une différence CO2 émis – CO2 absorbé égale à zéro. Celle-ci doit être atteinte vers 2050 pour que le réchauffement en 2100 – par rapport à l’ère préindustrielle – ne dépasse pas 1,5 0C, et vers 2070 pour le limiter à 2 0C. Ce défi nécessite des transformations rapides et majeures dans tous les secteurs d’activités et dans tous les pays. Par ailleurs, pour réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains aux effets du changement climatique, il est indispensable d’adapter les villes, les infrastructures et les territoires, en prenant en compte les connaissances sur le climat actuel et ses évolutions approchées grâce aux modèles climatiques.
Comment a-t-on pris conscience de l’effet de l’homme sur le climat global ?
Au début du xixe siècle, Joseph Fourier (1768-1830) établit que la température de la surface de la Terre dépend, d’une part, de la quantité de rayonnement solaire absorbé et, d’autre part, de la façon dont la Terre se refroidit en émettant du rayonnement infrarouge vers l’espace. Il mentionne que cette température de surface pourrait changer à cause d’une modification de la distance Terre-Soleil, des activités humaines et de phénomènes naturels. À la fin du xixe siècle, on démontre l’alternance passée de périodes glaciaires et interglaciaires et deux théories s’affrontent pour l’expliquer : l’une suppose la variation du rayonnement solaire, l’autre celle de la concentration de l’atmosphère en dioxyde de carbone (CO2), un des principaux gaz à effet de serre. On sait aujourd’hui qu’il faut prendre en compte ces deux facteurs qui jouent un rôle important dans l’évolution du climat. Svante Arrhenius (1859-1927), partisan de la seconde théorie, suppose que la concentration en CO2 a naturellement varié dans le passé et indique qu’elle pourrait changer dans le futur du fait des activités humaines, entraînant des changements de température de plusieurs degrés Celsius.
Le tournant des années 1960
L’hypothèse d’Arrhenius est d’abord vivement critiquée et il faut attendre les années 1960 pour que deux avancées scientifiques majeures viennent l’étayer. D’une part, des mesures effectuées par Charles Keeling (1928-2005) indiquent que la concentration en CO2 de l’atmosphère augmente, et il sera montré par la suite que cette hausse est due aux activités humaines. D’autre part, des calculs réalisés par Syukuro Manabe (né en 1931) – qui recevra avec Klaus Hasselmann le prix Nobel de physique en 2021, pour « la modélisation physique du climat de la Terre et pour en avoir quantifié la variabilité et prédit de façon fiable le réchauffement climatique » – révèlent qu’un doublement de la concentration en CO2 déséquilibrerait suffisamment le bilan radiatif de la Terre pour élever la température de la planète de plusieurs degrés. Les premiers modèles climatiques sont alors naissants et, en 1979, Jule Charney (1917-1981) coordonne un rapport de l’Académie nationale des sciences des États-Unis qui estime que la sensibilité climatique, c’est-à-dire[...]
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Écrit par
- Jean-Louis DUFRESNE : directeur de recherche au CNRS
- Céline GUIVARCH : directrice de recherche à l'École des Ponts
Classification
Médias