CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTÉ
Les conséquences du changement climatique sur notre santé sont très diverses. Si l’augmentation rapide des températures moyennes de l’ensemble de la Terre et son origine anthropique sont désormais admises par l’immense majorité des scientifiques, ce « réchauffement climatique » n'est en effet pas uniforme sur la planète et entraîne de grandes disparités dans les situations et les conditions de vie des êtres humains ainsi que sur leur santé.
Schématiquement, en ce qui concerne l’Europe, les effets attendus du réchauffement climatique sont, d’une part, une élévation des températures moyennes sur l’ensemble de l’année et, d’autre part, une augmentation de la fréquence d’événements extrêmes : vagues de chaleur, précipitations intenses. En France, on prévoit des hivers globalement plus doux, et des étés plus chauds, plus ensoleillés, avec davantage de périodes de canicule. Pour ce qui est des précipitations, les périodes de fortes pluies réparties sur plusieurs jours en hiver devraient s’allonger, élevant le risque d’inondations jusque-là centennales dans certaines zones auparavant rarement inondables. Cela n’empêchera pas l’augmentation des épisodes de sécheresse, marqués en particulier dans le sud de la France au voisinage de la Méditerranée. On observe une nette augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes, et les tempêtes, même si elles ne semblent pas encore significativement plus fréquentes et plus violentes, seraient dérivées vers le nord du pays. On conçoit ainsi le nombre et la diversité de conséquences locales et régionales que peut induire le réchauffement climatique.
L’une d’elles concerne la santé, et l’adéquation du système sanitaire pour faire face à des problèmes aggravés par le phénomène, ou même nouveaux. Il ne sera question ici que des maladies humaines hors contexte de la notion de santé globale.
Une idée ancienne
S’il est avéré que les sociétés humaines ont établi une relation entre climat et maladie depuis des temps très anciens – comme le détaille l’étude magistrale de Mirko Grmek publiée en 1963 –, ses premières formulations claires ne datent que du début du xixe siècle, avec l’introduction de la géographie médicale. On les doit principalement à des disciples d’Alexandre de Humboldt, en particulier Heinrich Berghaus, qui dessine en 1828 une carte climatique du monde et associe à la typologie des climats (tempéré, polaire, continental, équatorial, etc.) une liste de maladies qui en seraient caractéristiques. Ainsi, la fièvre jaune n’existerait que sous les climats tropicaux. Cette idée d’une relation directe entre caractéristiques climatiques et pathologies se précise puis s’efface quelque peu, à la fin xxe siècle – avec les découvertes des agents infectieux et surtout des maladies à vecteurs – devant la notion de lien entre un environnement, considéré selon ses spécificités, et les maladies qu’on y observe. C’est ce qu’a formalisé Max Sorre dans les années 1930 avec le concept de « paysage épidémiologique » qui lie l’écologie à la géographie, la notion de climat en soi, trop générale, n’ayant dès lors plus grande valeur. En d’autres termes, le réchauffement climatique n’a de suites sanitaires précises qu’en tant qu’il modifie un environnement donné et, de ce fait, les écosystèmes locaux. En conséquence, même si l’on peut intégrer ces multiples données locales en grandes tendances vis-à-vis des différents aspects de la santé, les conséquences sanitaires de l’échauffement doivent être appréhendées dans le cadre de variations locales de l’environnement ayant des effets tangibles sur la santé des êtres humains – directs, comme ceux que produisent les canicules, ou indirects, dans le cas de la prolifération d’algues toxiques, pour ne citer que ces exemples [...]
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Écrit par
- Virginie CAVIER : docteur en pharmacie, écotoxicologue
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias