CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTÉ
Effets directs connus de variations de paramètres climatiques
La croissance des températures moyennes mène à des hivers plus cléments et des étés plus chauds. À ces variations thermiques moyennes s’ajoutent des périodes, qui se font plus fréquentes et paraissent s’intensifier, dites de canicule – pendant lesquelles les températures minimales nocturnes restent au-dessus de 20 °C et les maximales diurnes supérieures à 33 °C pendant au moins trois jours d’affilée. Le pic de mortalité annuel se déplacerait ainsi de l’hiver vers l’été, et l’augmentation attendue du nombre de canicules nécessiterait d’adapter un cadre sanitaire déjà bien établi.
En 2003, la canicule aurait provoqué un excès de mortalité estimé à 15 000 décès – l’hypothèse d’un « effet moisson », c’est-à-dire le décès prématuré de personnes qui n’auraient pas survécu à l’hiver, n’ayant pas été confirmée. Les autorités ont alors mis en place un plan de surveillance et d’action vis-à-vis des personnes sensibles, dont l’efficacité est évaluée positivement dès 2006. L’augmentation des températures n’est dangereuse que si elle affecte en particulier les minimales nocturnes : en période de forte chaleur, des nuits trop chaudes ne permettant pas de récupérer des températures élevées de la journée, les personnes les plus fragiles risquent de s’épuiser et de se déshydrater. Les pathologies les plus fréquentes sont ainsi liées aux conséquences de la déshydratation, à l’hyperthermie et aux « coups de chaleur ». D’autres apparaissent ou s’aggravent dans ces conditions : maladies cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques, maladies de l’appareil génito-urinaire et infectieuses. En outre, certains traitements comme les diurétiques, les laxatifs ou encore les antiarythmiques potentialisent les effets de la chaleur.
Les inondations provoquées par les épisodes de pluies violentes ont pour conséquence directe une multiplication de divers traumatismes et augmentent le risque de plusieurs maladies infectieuses, en particulier du fait de la contamination des réseaux d’eau potable. Mais les effets peuvent être indirects : par exemple, les fortes précipitations sur Rio de Janeiro s’accompagnent souvent, dans les favelas proches des ports, d’une épidémie de leptospirose dont l’agent est véhiculé par les rats chassés de leur habitat en raison de l’engorgement des égouts. Les inondations ont aussi de graves conséquences psychologiques, sans compter les problèmes sociaux imputables aux pertes matérielles – ainsi en 2023 et 2024 dans le Pas-de-Calais – qui contraignent à réviser les politiques d’habitat. Ces événements résonnent bien sûr avec la situation des populations des deltas, au Bangladesh par exemple, face à la disparition de leur lieu de vie et des terres cultivables du fait de la montée de la mer. On estime que cette dernière entraînera le déplacement de 20 millions de personnes d’ici à 2050 avec des conséquences sanitaires considérables.
L’émergence de bactéries et de virus qui existaient congelés dans le permafrost et qui seraient libérés sous l’effet d’un réchauffement global constitue-t-elle une menace sanitaire ? Cette crainte s’est manifestée après la découverte, en 2014, d’un virus géant qui survivait depuis au moins 30 000 ans dans cet écosystème. Ce risque demeure largement hypothétique, même si quelques épidémies de maladie charbonneuse en Sibérie – dues à des spores de Bacillus anthracis, conservées congelées dans des carcasses de rennes morts de la maladie enfouies jusque-là dans le permafrost – ont été rapportées (en 2016, par exemple, dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie, une épidémie a provoqué la mort de 2 300 rennes).
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Écrit par
- Virginie CAVIER : docteur en pharmacie, écotoxicologue
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias