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CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTÉ

Effets indirects identifiés du changement de l’environnement

Les inquiétudes et les prévisions sont ici alimentées par les nombreuses observations de situations particulières. On ne pense pas toujours au fait que nous vivons en équilibre avec de nombreux micro-organismes. Une hausse des températures moyennes favorise en général leur multiplication, avec parfois une amplification de leur pathogénicité. En milieu hydrique, on craint un développement des Legionella dans les tuyauteries, les climatiseurs en particulier, des Leptospira en eau douce. Les cyanobactéries, dont certaines sécrètent des toxines irritantes pour la peau, ainsi que des neurotoxines et hépatotoxines, risquent de contaminer nombre de points d’eau. Ces contaminations, actuellement bien gérées, auraient, si elles s’étendaient, des répercussions sur les zones de loisirs aquatiques, et sur celles de captage d’eau potable. En mer, en zone lagunaire, comme dans les élevages de fruits de mer, certaines microalgues productrices de toxines prolifèrent à la faveur du réchauffement des eaux et en raison de la saturation des réseaux d’épuration. Selon l’espèce, elles peuvent provoquer des troubles diarrhéiques (genre Dinophysis) ou neurologiques (genre Alexandrium). Les zones côtières peuvent aussi connaître une prolifération de bactéries et de virus pathogènes. Ainsi, les États-Unis et le Canada subissent régulièrement depuis 1997 des pics de contamination par des bactéries du genre Vibrio.

La hausse des températures rend également plus difficile la conservation des aliments. Ce n’est pas un hasard si la plupart des intoxications à Salmonella ont lieu en été. Toute la chaîne de production alimentaire étant concernée, les acteurs de la filière devront redoubler de rigueur. La conservation des médicaments doit aussi faire l’objet d’une vigilance accrue : on imagine aisément les dégâts sur certaines formes galéniques (crèmes, suppositoires, ovules, etc.) mais, surtout, un certain nombre de molécules pharmaceutiques s’avèrent sensibles à une température dépassant 25 °C. De nombreux autotests, dont les appareils d’automesure de la glycémie et leurs réactifs, peuvent également être endommagés par une chaleur excessive.

À l’extérieur, l’augmentation des températures et de l’ensoleillement favorise l’apparition d’ozone, gaz qui déclenche irritations et troubles de la respiration, notamment chez les personnes présentant une faiblesse respiratoire, dont les asthmatiques. Ce phénomène prédomine en milieu urbain, mais tend à se rencontrer également dans les campagnes.

Certaines plantes du Sud voient leurs aires de répartition s’étendre vers le nord ; à côté des problèmes environnementaux que cela induit, des conséquences sanitaires apparaissent quand la plante concernée (ou son pollen) est allergisante, comme le sont l’olivier, la pariétaire ou l’ambroisie. C’est d’ailleurs dans le monde végétal, dont la lente évolution est surveillée depuis des décennies, que les effets du réchauffement climatique sur les écosystèmes sont les mieux établis. Ainsi, le bouleau tend à se raréfier au sud de la France tandis que des conifères progressent vers le nord. La saison pollinique montre d’ores et déjà une précocité et une durée accrues, par les effets conjoints des hausses de températures et des concentrations atmosphériques en dioxyde de carbone (CO2). Les plantes produisent de plus grandes quantités de pollens. Ce phénomène, dit « pollution verte », est nocif avant tout pour les personnes allergiques et asthmatiques, et potentialisé par la pollution chimique atmosphérique.

Les fortes pluies hivernales et les sécheresses estivales sont autant de facteurs de pollution de l’eau. Là où n’existe plus de couvert végétal, les pluies lessivent les sols et entraînent dans le réseau hydrique une multitude de substances – polluants industriels,[...]

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Écrit par

  • : docteur en pharmacie, écotoxicologue
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

La mort thermique de l’ Univers - crédits : D.R.

La mort thermique de l’ Univers

Canicule de 2003 - crédits : Ppart/ Shutterstock

Canicule de 2003