CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTÉ
Les maladies à vecteurs
Les maladies à vecteurs sont concernées au premier chef par les changements qui interviennent dans les écosystèmes. Pour leur transmission, les agents responsables de ces pathologies ont donc besoin d’un vecteur – souvent un diptère. En modifiant les écosystèmes, les changements climatiques peuvent affecter les aires de répartition des vecteurs et donc de ces maladies, qui disparaîtraient ainsi des nouvelles zones de sécheresse – car la plupart des vecteurs nécessitent de l’eau pour se reproduire – pour investir d’autres environnements plus favorables à leur développement. Ainsi, des cas de fièvre du Nil occidental sont apparus dans le sud-est de la France depuis 1960 ; la leishmaniose viscérale est également sous surveillance dans le Sud…
Il est cependant difficile de tirer des conclusions des études épidémiologiques, car de nombreux facteurs interviennent qui, dans l’état de nos connaissances, sont peut-être plus déterminants que le réchauffement climatique : cas importés du fait de la fréquence accrue des voyages, modification des modes de vie, augmentation de l’arrosage donc des gîtes larvaires potentiels, changements du vecteur d’un agent infectieux (maladie de la langue bleue, chikungunya, dengue), évolution-sélection des agents pathogènes, etc. En fait, les variations observées de la fréquence et de la gravité des maladies à vecteurs sont souvent explicables par la contribution de divers paramètres.
Ce panorama, non exhaustif, montre la grande diversité des effets possibles du réchauffement climatique sur la santé. La plupart de ceux-ci sont relativement aisés à combattre dans les pays développés. Mais de nombreux États en voie de développement ne disposent que de faibles moyens pour faire face aux conséquences des évolutions du climat. En 2004, l’OMS estimait à au moins 140 000 le nombre de décès supplémentaires annuels directement dus au changement climatique dans le monde, avec un écart risquant de se creuser entre Nord et Sud. Les projections des années 2020 portent ce chiffre à 250 000 décès supplémentaires par an entre 2030 et 2050 dans le cadre d’un développement économique moyen et d’un modèle courant de réchauffement climatique. À titre de comparaison, on remarquera enfin que ces valeurs, tout à fait hypothétiques, représentent environ 25 % du nombre de décès dus au paludisme dans le monde en 2013.
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Écrit par
- Virginie CAVIER : docteur en pharmacie, écotoxicologue
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias