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CHANT DES DUNES

On recense aujourd'hui dans le monde une trentaine de sites désertiques où l'on peut entendre le « chant des dunes » : un son long, grave, mélodieux et très puissant (100 dB). Marco Polo et Charles Darwin faisaient déjà état de cette musique mystérieuse dans leurs récits de voyage. Un manuscrit chinois du viiie siècle en fait également mention. Certains comparent ce son à un grondement de tonnerre, d'autres au bruit d'un avion, d'autres encore au bourdonnement d'un essaim d'abeilles.

De nombreuses hypothèses ont été avancées pour tenter d'expliquer ce phénomène, des plus farfelues (djinns courant dans les dunes, esprits frappant sur des tambours, rivières coulant sous le sable...) aux plus sérieuses (vibration individuelle des grains, résonance de la dune dans son entier, intervention du vent...). Mais, à vrai dire, ce chant n'avait jusqu'à présent jamais vraiment été étudié car il se produit rarement, de façon imprévisible et dans très peu d'endroits.

En avril 2001, une équipe du laboratoire de physique statistique de l'École normale supérieure de Paris, en mission au Maroc, découvre par hasard des dunes qui chantent très facilement soit lors d'avalanches naturelles, soit lors d'avalanches provoquées en poussant le sable le long de la pente. Les chercheurs ont donc pu mener sur place toute une série d'expériences en écoutant les sons produits grâce à des micros enfouis. Ils ont même procédé à des études en laboratoire après avoir rapporté du sable du Maroc. Ils ont ainsi pu remarquer que la couche en mouvement est épaisse de 10 centimètres au minimum, que c'est elle seule qui produit le chant et qu'elle engendre aussi une onde sismique. Sur la base de ces observations, l'équipe de l'E.N.S. propose le mécanisme suivant : pour rouler les uns sur les autres, les grains s'écartent puis retombent ; ils dilatent puis compriment ainsi l'air emprisonné dans les interstices. 10 centimètres de sable correspondent environ à 500 couches de grains, soit autant de couches d'air qui sont successivement aspirées puis expirées. Ce serait le fait que tous les grains se mettent en mouvement de façon synchrone qui entraînerait la production d'un son très puissant de basse fréquence. Il reste à comprendre ce processus de synchronisation.

— Florence DANIEL

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