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AKERMAN CHANTAL (1950-2015)

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Chantal Akerman en 1985, sous l’affiche de son film <em>Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles</em> - crédits : Marion Kalter/ AKG images

Chantal Akerman en 1985, sous l’affiche de son film Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles

Cinéaste belge et figure majeure de la modernité cinématographique, Chantal Akerman élabore, à partir de 1968, une œuvre quasi unique dans les arts visuels mondiaux. Aucun domaine artistique ne lui est étranger. Elle pratique aussi bien la fiction, l’essai, le documentaire que le cinéma expérimental ou l’installation. Ses films sont tour à tour burlesques et dramatiques, autobiographiques le plus souvent. Le mélange des genres est au rendez-vous : ses tragédies sont parfois mâtinées de comique, et inversement. Elle y évoque souvent son homosexualité. Plus que chez d'autres grands metteurs en scène de sa génération, Philippe Garrel par exemple, les travaux d'Akerman dépassent le cadre du cinéma pour aller vers les arts plastiques et le multimédia. L'hommage que lui a rendu le Centre Georges-Pompidou en 2004 a permis aux spectateurs de prendre la mesure de cette œuvre polymorphe.

Chantal Akerman naît le 6 juin 1950 à Bruxelles, dans une famille d'émigrés juifs d'Europe centrale. Elle fréquente, en 1967-1968, l'Insas (Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion), puis réalise son premier court-métrage, Saute ma ville (1968) où elle tient l'unique rôle : une adolescente qui sème le chaos dans sa cuisine avant de se suicider. On note déjà, dans ce film loufoque, un penchant pour l'autobiographie. De par son identité éclatée – juive en Belgique francophone, cinéaste dans une contrée où le cinéma constitue plus un artisanat qu'une industrie –, la démarche d'Akerman se veut déterritorialisée. Elle fédère de nombreuses formes d'expression mixtes ou dissidentes et participe de ce que Gilles Deleuze et Félix Guattari nomment la « littérature mineure » au sujet de Kafka, et qui est applicable à toute forme d'art : « Le problème de l'expression n'est pas posé par Kafka d'une manière abstraite universelle, mais en rapport avec les littératures dites mineures – par exemple la littérature juive à Varsovie ou à Prague. Une littérature mineure n'est pas celle d'une langue mineure, plutôt celle d'une minorité dans une langue majeure. » (Kafka. Pour une littérature mineure, 1975).

De l’expérimental à l’autobiographie

Chantal Akerman séjourne en 1971 aux États-Unis et fréquente assidûment l’Anthology Film Archives de New York ; là, elle découvre le cinéma expérimental de Jonas Mekas et de Michael Snow. Ce dernier influence directement son premier long-métrage, Hôtel Monterey (1972), une description fragmentaire et sans commentaire d'un lieu pour déshérités filmé en plans fixes. Mais la cinéaste ne s'attache pas à un genre ni à une esthétique. Dans les quatre années qui suivent, elle énonce et illustre les diverses pistes de ses futurs films. Encore sous l'influence de Snow, elle filme La Chambre (1972), où un lent panoramique décrit à plusieurs reprises cet espace d'appartement, un des centres de sa filmographie de Jeanne Dielman (1975) à Demain on déménage (2004). Vaguement sous l'influence de Mekas, News from Home (1976) développe une des problématiques majeures de la réalisatrice : son rapport à sa mère et à la judéité. Sur des travellings de rues et de métros new-yorkais, qui « documentent » (c'est aussi son premier documentaire) le quotidien de la jeune femme, celle-ci lit des lettres que sa mère lui envoie pour s'enquérir de sa santé et de ses projets, tout en racontant des bribes de sa propre vie à Bruxelles. Le souvenir de la Shoah hante la plupart de ses films sous forme de thèmes récurrents, d’autant que sa mère, Natalia, qui fut déportée, éprouve des difficultés à évoquer cette question avec sa fille.

Avec Je, tu, il, elle (1975), son premier long-métrage de fiction, la jeune cinéaste construit une œuvre largement autobiographique[...]

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Média

Chantal Akerman en 1985, sous l’affiche de son film <em>Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles</em> - crédits : Marion Kalter/ AKG images

Chantal Akerman en 1985, sous l’affiche de son film Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles

Autres références

  • JEANNE DIELMAN, 23, QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES

    • Écrit par
    • 1 210 mots
    • 1 média

    Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975) est le sixième film de la cinéaste belge Chantal Akerman (1950-2015). C’est aussi son film le plus ambitieux – et le plus long, 3 heures et 21 minutes –, réalisé avec la complicité de Delphine Seyrig, actrice chevronnée et...

  • VIDÉO ART

    • Écrit par , et
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    ...du cinéma (1989), Jean-Luc Godard, s’intéresse précisément aux différences et aux recoupements possibles entre écriture et image, comme Chantal Akerman dans Letters Home (1986) réalisé à partir des 696 lettres envoyées par la poétesse américaine Sylvia Plath à sa mère ; comme eux, d’autres artistes...