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CHANTONS SOUS LA PLUIE (S. Donen et G. Kelly)

Bien avant Chantons sous la pluie (Singing in the Rain), tous les ingrédients de la comédie musicale existaient, à commencer par la préparation d'un spectacle comme support de numéros musicaux. Mais Stanley Donen (1924-2019) et Gene Kelly (1912-1996) renouvellent totalement le genre en dosant à la perfection, et parfois en détournant ces ingrédients : humour, scénario brillant, chorégraphie virtuose, beauté et séduction des interprètes. Dans le genre le plus fantaisiste du cinéma hollywoodien, les scénaristes Betty Comden et Adolph Green s'inspirent des carrières de vraies stars, comme John Gilbert, auxquelles l'arrivée du parlant a brutalement mis fin. Dans Chantons sous la pluie, le destin tragique de ces acteurs est présent en filigrane, mais inversé : on explose de joie lorsque triomphe la jeune actrice (Debbie Reynolds) à laquelle la star déchue et égocentrique avait « volé » sa voix, par un phénomène de « doublage ». La dimension historiographique est donc essentielle, puisque le film se déroule en 1927, avec pour cadre les studios d'Hollywood, et pour héros des acteurs de cinéma. En même temps, elle se double de merveilleux à la faveur d'une mise en scène en état de grâce, qui mêle à la perfection réalité et représentation : dans la célèbre séquence « Singing in the Rain », les pas de Gene Kelly dans de vraies flaques d'eau, le bruit de la pluie s'intègrent totalement à la chorégraphie et à la musique. Le dynamisme des mouvements, danses, enchaînement de séquences crée un bonheur constant où l'artifice du genre devient la vérité du cinéma.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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