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CHANTS, Giacomo Leopardi Fiche de lecture

Le plus moderne des classiques

Par son renoncement progressif à toute musicalité apparente, la poésie léopardienne forge une musique inouïe à son époque. Dans les compositions brèves comme dans les longues laisses du « Chant nocturne d'un berger errant de l'Asie » ou du « Genêt », se perçoit le chant, nu et blanc, d'un désespoir capable, en renonçant à son emphase, d'explorer le réel avec une acuité jusqu'alors inconnue dans l'espace et le temps de la poésie : « Si la vie est malheur,/ Pourquoi en porter la douleur ? » (« Chant nocturne d'un berger errant de l'Asie »). Comme si la langue puisait dans sa mortalité même rectitude et justesse, le chant transfigure une lucidité dont le seul espoir est la diction. En cela, Leopardi préfigure vraiment les poétiques du xxe siècle.

Si la critique moderne a beaucoup lu les proses léopardiennes, et juge parfois les Petites Œuvres morales (1827) supérieures aux poèmes, les Chants demeurent la quintessence d'une œuvre qui, en affrontant un monde vécu comme atroce, affirme, jusqu'au bord du silence, l'héroïsme de la forme et son importance éthique.

— Bernard SIMEONE

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Écrit par

  • : écrivain, traducteur, directeur de collection et critique littéraire

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Autres références

  • LEOPARDI GIACOMO (1798-1837)

    • Écrit par
    • 2 837 mots
    • 1 média
    ...du Zibaldone (1898-1900), qui traitent, dans une perspective quasi physiologique, de la succession des états de tension et de relâchement affectifs. Ce qui explique la précieuse rareté de son œuvre lyrique, limitée au seul livre des Canti, et qui peut aussi expliquer pourquoi, pendant une période...