CHANVRE INDIEN
Le chanvre (Cannabis sativa ; cannabinacées) est une herbe annuelle, dioïque, qui ressemble de loin à l'ortie, mais peut atteindre 2,50 m de hauteur ; elle est commune dans toutes les régions du globe, excepté l'Australie. D'une latitude à l'autre, son comportement, sa biologie et ses propriétés sont différents, de sorte qu'on en vient à distinguer le chanvre textile des pays tempérés et le chanvre « à résine », ou Cannabis indica, des pays tropicaux et subtropicaux : celui-là même qui, en Europe, est cultivé pour sa capacité à développer de longues fibres dont on faisait les cordages au temps de la marine à voile (et qui a donné son nom à de nombreuses « cannebières ») se révèle, en pays chaud, inutilisable à de telles fins, mais il sécrète une résine poisseuse, alors que ses fibres deviennent courtes et fragiles.
La drogue que l'on fabrique à partir du chanvre provient soit des sommités fleuries de la plante (femelle surtout), soit de la résine qu'on peut extraire à raison de 30 p. 100 du poids sec de chanvre indien brut. Cette résine, recueillie par battage et roulage des sommités, provient traditionnellement du Népal et de l'Inde du Nord où on la consomme mêlée à des friandises, à des confitures ou à des boissons : c'est le charas. Très semblable est le dawamesk, confiture presque solide, très prisée en Turquie et au Moyen-Orient : c'est cette variété de cannabis qu'ont vantée Moreau de Tours, Baudelaire, Théophile Gautier, Alexandre Dumas. Le bhang indien mélange les sommités fleuries des pieds mâles et femelles : il est ainsi moins riche en résine et moins actif. Le gandjah, indien lui aussi, est constitué exclusivement des sommités femelles : très résineux, il se présente en masses aplaties ou rondes et est fort actif. En Inde encore, souvent mélangé au datura, à la jusquiame ou à l'opium c'est le hachisch qui donna son surnom à la secte ismaélienne des « hachischins ». En Afrique du Nord, on trouve, mélangés ou non à du tabac, le takrouri en Tunisie et le kif au Maroc. Enfin, s'il s'appelle marihuana (marijuana) aux États-Unis, c'est qu'il s'y est répandu à partir du Mexique ; en argot, il s'appelle plus couramment grass, pot, stick, joint, etc. En France, c'est l'« herbe », et la résine pure la « merde ».
Les effets dépendent de la teneur en résine, mais aussi de la qualité de celle-ci ; si le cannabidiol et le cannabidinol semblent communs à tous les chanvres, le tétrahydrocannabinol, seul actif, se rencontre surtout dans les plants tropicaux et subtropicaux : en fait, seul un isomère du tétrahydrocannabinol semble responsable des hallucinations souvent décrites, c'est la forme Δ-1-3-4-transtétrahydrocannabinol. Ainsi, la teneur en résine de la plante utilisée (de 3 pour 100 du poids sec pour les chanvres textiles à 30 pour 100 pour les chanvres « hallucinogènes ») comme la nature biochimique de cette résine varient considérablement selon les chanvres vendus, dont certains (en Europe surtout), plus ou moins mêlés d'excipients divers, ne font pas plus d'effets que n'en feraient des feuilles de platane.
Lorsqu'il est de bonne qualité, le chanvre indien fumé ou ingéré procure d'étranges sensations : une douce euphorie, souvent une hilarité bruyante marquent les débuts de l'expérience ; leur succèdent des altérations importantes de la perception (visuelle et auditive surtout) ainsi que des crises rapides d'anxiété et de dépression, une extrême rapidité d'idéation, une exaspération extraordinaire de la mémoire, des accès paranoïdes et parfois même des formes transitoires de psychose. L'individu est incapable d'activité soutenue, il est suggestionnable et presque sans volonté. Enfin, la « descente » s'effectue et le sujet s'assoupit puis s'endort. Au réveil, il peut se[...]
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Écrit par
- Olivier JUILLIARD : écrivain
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Autres références
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DROGUE
- Écrit par Alain EHRENBERG , Encyclopædia Universalis , Olivier JUILLIARD et Alain LABROUSSE
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