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BAKHTIAR CHAPOUR (1914-1991)

Chapour Bakhtiar, 1980 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Chapour Bakhtiar, 1980

Né en 1914 dans la famille des chefs Bakhtyāri, grande tribu du sud-ouest de l'Iran, Chapour Bakhtiar (Shāpur Bakhtyār) fut marqué par l'esprit frondeur et combattant des siens. Après des études à Ispahan, il poursuivit une scolarité francophone à Beyrouth, puis en France, où il apprit à son arrivée en 1934 l'exécution par Rezā Shāh de son père Sardār Fāteh. Cet événement retarda de deux ans un brillant cursus en droit (École des sciences politiques) et en philosophie (Sorbonne) et donne le ton d'une existence courageuse. Pendant ces années à Paris, Bakhtiar voyagea en Allemagne, assista à la montée du nazisme, et fréquenta un large éventail d'intellectuels engagés dans la lutte démocratique. Il rencontra des hommes de lettres, comme Paul Valéry, ou le philosophe Henri Bergson. Marié à une Bretonne, Chapour Bakhtiar s'engagea dans l'armée française comme volontaire en 1939 puis, après sa démobilisation, participa à un réseau de Résistance. Il rentra en Iran en 1946 et commença une carrière au ministère du Travail, dans une période tendue, entre les pressions des communistes et la poussée nationaliste qui amena au pouvoir, en 1951, le Dr Mossadegh et le Front national.

Inspiré par un idéal de liberté et d'indépendance, le mouvement de nationalisation du pétrole donnait aux élites libérales l'occasion d'une revanche sur les années de dictature de Rezā Shāh. Bakhtiar y trouva naturellement sa place. Il s'est déclaré, jusqu'à la Révolution islamique, animé d'un idéal social-démocrate. Il milita dès 1946 au Parti Iran, un parti d'intellectuels et de cadres nationalistes, et devint secrétaire d'État du deuxième gouvernement Mossadegh en juillet 1952. Bakhtiar aurait pu utiliser ses connexions familiales : il était cousin de l'impératrice Soraya et du général Teymur Bakhtyar, le premier directeur de la Savak (police politique). Il préféra la fidélité à ses engagements et souffrit de la répression politique après le coup d'État du 19 août 1953 qui destitua Mossadegh. L'un dans l'autre, Bakhtiar passa en effet près de six ans en prison.

Pendant ces années d'attente, les compagnons du Front national reconstitué sont les mêmes que du temps de Mossadegh : Karim Sanjābi, Mahdi Bāzargān, Qolām-Hoseyn Sadiqi. En 1977, leur patience commence à être récompensée, car l'élection du président Carter aux États-Unis va obliger le chah à un plus grand respect des droits de l'homme, et les opposants peuvent à nouveau s'exprimer. Bakhtiar signe alors, avec Sanjābi et Dāriush Foruhar, un manifeste adressé au monarque, par lequel le Front national entrait publiquement dans une nouvelle opposition politique. La suite est moins connue : Bakhtiar fut exclu à deux reprises du Front national du fait de son attitude opportuniste. Il désavoua notamment, croyant qu'il ne mènerait à rien, le ralliement à Khomeyni de Bāzargān et de Sanjābi venus voir successivement l'ayatollah à Neauphle-le-Château. Devant la dégradation de la situation en décembre 1978, l'extension de la grève générale et du cycle infernal répression-violence, le chah allait enfin céder ; il entra en consultation avec plusieurs chefs du Front national, notamment Sanjābi et Sadiqi. Ce dernier se déclara prêt à former un gouvernement d'union nationale à la condition que soient libérés les prisonniers politiques, que le chah s'écarte un temps de la politique et quitte Téhéran (pour la province, non pour l'étranger), et qu'il renonce à la prérogative anticonstitutionnelle de contrôler personnellement le ministère de la Défense. Le chah, qui refusait d'abdiquer, préféra, dans l'idée qu'elle serait très provisoire, la solution préconisée par les Américains et confia le gouvernement à Chapour Bakhtiar, laissant ses pouvoirs à un Conseil[...]

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Écrit par

  • : professeur à la l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Média

Chapour Bakhtiar, 1980 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Chapour Bakhtiar, 1980

Autres références

  • IRAN - Histoire et politique

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    ... février 1979, la petite ville de Neauphle-le-Château devient le quartier général de la lutte contre le régime impérial. Malgré la tentative de Chapour Bakhtiar, nommé Premier ministre à la fin de décembre, de promouvoir un régime à tendance social-démocrate et d'enrayer le processus de renversement...