CHAR ANTIQUE
D'origine asiatique, le char est déjà figuré sur l'Étendard d'Ur (~ 2500 env.), mosaïque en coquilles de nacre, gravées et peintes, collées sur fond de bitume et cernées d'un pavage de lapis-lazuli. Les deux faces de ce petit panneau, consacrées à la guerre et à la paix, représentent des chars sumériens, composés d'une caisse montée sur quatre roues pleines et tirée par deux ânes. Il s'agit encore d'un char de parade, mais que l'on transformera après l'arrivée du cheval en Mésopotamie (fin du ~ IIIe millénaire env.), à la faveur des migrations indo-européennes. C'est ainsi que le char devient, dans l'armée assyrienne, un instrument de guerre redoutable. Les roues du véhicule, à six ou huit rayons, possèdent une forte jante en bois cloutée. Sur l'essieu repose la caisse où se tiennent le cocher, l'archer, un porte-lance et le porte-bouclier qui protège l'équipage. Les deux chevaux timoniers sont parfois flanqués de deux autres, attelés de front et qui servent à la remonte.
Vers la même époque, le char et le cheval sont introduits en Égypte, vraisemblablement par les Hyksôs (~ 1700 env.). Les Égyptiens fabriqueront ensuite leurs propres chars, véhicules légers sur deux roues à rayons, pourvus d'un timon pour l'attelage à deux chevaux. La caisse, en bois de frêne, peut être revêtue de cuir au décor polychrome estampé. Utilisé au combat, le char est aussi le moyen de transport réservé au pharaon, à de hauts dignitaires et à la poste royale.
Le char est attesté en Chine, par une inscription sur os, dès l'époque Shang (à partir de ~ 1500). Les archéologues devaient cependant mettre au jour, déjà dans des tombes datant des ~ IIe et ~ Ier millénaires, des témoignages plus saisissants : conducteurs de chars, enterrés avec leurs véhicules et les deux chevaux de l'attelage. Outre les squelettes du cocher, étendu derrière la caisse, et des bêtes de part et d'autre du timon, apparaissaient sinon les pièces du char (le bois ne s'étant pas conservé), du moins leurs empreintes dans le sol ou leurs vestiges que recouvrait un dépôt de terre. Ces répliques en creux ou en relief ont révélé les éléments constitutifs du char chinois : caisse en largeur (1 mètre), essieu (3 mètres env.) portant deux roues à multiples rayons (dix-huit au minimum), timon d'une longueur de 2,80 à 3 mètres. La charrerie jouera un rôle militaire essentiel jusqu'au début du ~ ive siècle où, désormais, elle est remplacée par la cavalerie.
En Asie centrale, dans les tombes gelées de Pazyryk (~ ve-~ ive s.), les archéologues soviétiques devaient retrouver (tombe no 5) un char de parade, monté sur quatre roues. La caisse (bois de bouleau), plate-forme entourée d'une balustrade, était surmontée d'un baldaquin recouvert d'une tente de feutre noir, elle-même décorée de cygnes en feutres polychromes.
Représenté sur une stèle à Mycènes (~ 1550), le char grec sera minutieusement décrit dans L'Iliade (chants X, XXI, XXIII). La caisse est une simple armature de bois (figuier sauvage) sur laquelle on tend, pour constituer le fond et les côtés, des lanières de cuir. Les deux roues (orme, saule, cyprès), à quatre rayons, sont cerclées de métal. L'attelage se compose de deux chevaux timoniers. Ce véhicule très léger ne participe pas au combat : il y transporte simplement le guerrier qu'accompagne un cocher. Le quadrige (avant ~ 500) se présente avec quatre chevaux attelés de front : deux au timon et deux pour la remonte. Les Grecs abandonneront assez tôt le char de combat, lui préférant la cavalerie. Le char homérique devient alors un véhicule de course, engagé à Olympie, à Delphes ou à Délos.
Si les Romains devaient lutter contre les chars celtiques de Bretagne (~ 54-~ 55), ils n'ont jamais employé eux-mêmes ce moyen de combat.[...]
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Écrit par
- Jacques MÉRAND : licencié en philosophie
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