CHARLEROI
Située dans la vallée de la Sambre, sur l'étroit synclinal houiller qui traverse la Wallonie d'ouest en est, Charleroi compte 203 000 habitants en 2023, au centre d’une aire urbaine de près de 400 000 personnes ; c'est la ville la plus peuplée de Wallonie, les fusions de communes de 1977 y ayant été plus larges qu'à Liège. C’est également la principale agglomération de la province de Hainaut, mais non son chef-lieu. Le bassin d'emploi s'étend largement vers le sud sur l'Entre-Sambre-et-Meuse, peu densément peuplée, mais est rapidement limité vers le nord par la zone d'influence de Bruxelles, vers l'est par celle de Namur et vers l'ouest par celle de La Louvière.
Charleroi n'est, à l'indépendance de la Belgique (1830), qu'une localité d'à peine plus de 5 000 habitants, formée d'une forteresse au plan rayonnant édifiée face à la France par les Espagnols en 1666, sous le règne de Charles II, surmontant une ville basse sur la Sambre. Prise par les Français dès 1667, renforcée par Vauban, elle fut restituée aux Espagnols en 1678, puis plusieurs fois prise et reprise entre 1693 et 1748. Les fortifications furent alors démantelées, mais la ville a été fortifiée à nouveau après 1815, jusque 1867-1871.
Charleroi et ses environs doivent leur essor à la révolution industrielle. La houille était exploitée depuis le xiiie siècle. Conjuguée à l'existence dans les environs d'une tradition métallurgique (clouterie) et verrière, sa présence a entraîné le développement d'une sidérurgie et d'une puissante industrie des constructions métalliques et, par la suite, électriques. La ville a bénéficié de l'ouverture, en 1832, du canal charbonnier en direction de Bruxelles, dont la mise au gabarit de 1 350 tonnes a été achevée en 1968 et sur lequel s'embranche aussi le canal du Centre, qui permet la navigation vers l'Escaut. Toutefois, comme ailleurs dans le sillon wallon, cette industrialisation fut peu diversifiée et contrôlée par le grand capital national, qui se désengagea d'abord de la production charbonnière à partir des années 1950 (le dernier puits wallon, situé dans le bassin de Charleroi, a fermé en 1984), puis abandonna des pans entiers de la métallurgie lourde et la chimie de la soude (fermeture des usines Solvay de Couillet en 1993), laissant la région dans une crise structurelle dont les effets n'ont pu être compensés par quelques gros investissements étrangers (Caterpillar, plus grande implantation du groupe hors des États-Unis, en 1965, qui a fermé à son tour en 2016). Certaines de ces industries lourdes fonctionnent encore, sous des modalités renouvelées : sidérurgie (aciers spéciaux et électriques, mais la sidérurgie traditionnelle a disparu depuis 2012), constructions électriques, machines-outils, industrie céramique, verrerie. Toutefois, cela ne suffit pas à compenser un déficit en services marchands de haut niveau.
Charleroi est située en bordure de l'autoroute de Wallonie, qui la relie à Lille et Paris vers l'ouest, à Liège et à l'Allemagne vers l'est. Elle insiste aujourd'hui, pour sa reconversion, sur des développements technologiques, en collaboration avec l'Université libre de Bruxelles, l’Université catholique de Louvain, les universités de Mons et de Namur et les établissements de recherche-développement issus de ces institutions (ou spin-off). À Gosselies, au nord de la ville, se sont développés un grand centre de l'industrie aéronautique (SABCA, Sonaca) et un technopôle de biotechnologie, le BioPark. L'aéroport, implanté lui aussi à Gosselies, dénommé Charleroi-Brussels South, est spécialisé dans le trafic low cost : il est devenu en deux décennies le second aéroport belge par le volume de passagers, avec un trafic équivalent à plus du tiers[...]
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Écrit par
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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Média
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HAINAUT
- Écrit par Christian VANDERMOTTEN
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Le Hainaut était, sous l'Ancien Régime, une des principautés des Pays-Bas méridionaux, réunie aux possessions bourguignonnes en 1433. La partie méridionale du comté a été acquise par la France en 1659 et en 1678. Restée possession des Habsbourg, la partie septentrionale va former, en 1795, la base du...