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DUCLOS CHARLES PINOT (1704-1772)

Écrivain breton, né et mort à Dinan, très récemment sorti de l'oubli parce qu'on a pu voir dans son Commentaire sur la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal (publié en édition posthume) une des sources principales de l'Essai sur l'origine des langues de J.-J. Rousseau (cf. J. Derrida, De la grammatologie, Paris, 1965), Duclos a surtout été connu de son temps comme romancier et comme historien. Venu à Paris pour ses études, car il se destine au barreau, il se signale assez vite par son ardeur au plaisir et fréquente la société des beaux esprits, discutant littérature dans un petit groupe qui fréquente le café Procope : Piron, Maurepas, Voisenon, Crébillon fils, Collé... Il publie alors deux romans dans le genre libertin : l'Histoire de Madame de Luz (1741) et Les Confessions du comte de *** (1742). Ses contemporains purent y reconnaître certains portraits ; notamment celui de Mme de Tencin, sous le nom à peine déguisé de Mme de Tonins, dans Les Confessions du comte de ***. Duclos fait alors une peinture très satirique des salons : « Je m'aperçus que chaque société et surtout celles de bel esprit croient composer le public, et que j'avais pris pour une approbation générale le sentiment de quelques personnes que les airs imposants et la confiance de Mme de Tonins avaient prévenues et séduites. »

Plus tard, dans les Considérations sur les mœurs de ce siècle (1751), il se montre beaucoup plus élogieux à leur égard et souligne même l'effet bénéfique pour le progrès des Lumières de cette jonction opérée entre gens de lettres et gens du monde.

Le premier ouvrage sérieux de Duclos, l'Histoire de Louis XI (1745), lui vaut d'être nommé historiographe de France et d'occuper le poste rendu vacant par la retraite de Voltaire en Prusse. Il écrit encore d'autres ouvrages d'histoire, tels que les Mémoires secrets des règnes de Louis XIV et Louis XV, publiés seulement en 1791. En 1739, il avait été nommé à l'Académie des inscriptions et belles-lettres grâce à la protection de Maurepas. En 1747, il est élu à l'Académie française, dont il devient secrétaire perpétuel en 1755. Un de ses principaux titres de gloire est d'avoir conservé l'estime de J.-J. Rousseau qui le définissait : « Un homme droit et adroit. » En revanche, il semble n'avoir pas été apprécié de tout le monde, en raison de son humeur caustique et de son franc-parler.

— Denise BRAHIMI

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, professeure agrégée des Universités (littérature comparée), université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Autres références

  • LIBERTINS

    • Écrit par et
    • 5 715 mots
    ...tous les romans notoires du genre (Lettres de la marquise de M... au comte de R... (1734), de Crébillon fils, Confessions du comte de X... (1741), de Charles Duclos, Thémidore (1745), de Godart d'Aucourt, Les Infortunes de la vertu, de Claude Dorat, Les Liaisons dangereuses (1782), de Choderlos...