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RAMUZ CHARLES FERDINAND (1878-1947)

Un style sur mesure

Il l'exprime, cette pensée, avec une éloquence rugueuse et magique, une esthétique originelle rayonnante, surtout un humanisme naturel, surprenant tant il est rare. Son inspiration, née de la nature qui la renouvelle sans cesse, prend sa forme définitive sur le papier, sans subir la moindre trahison parce qu'il lui adapte un style sur mesure. « Il faut, dit-il, que mon style ait la démarche de mes personnages. » Pas d'autre explication à ce charme indéfinissable, toujours neuf, parfois un brin naïf (volontairement) qui perce dans toutes ses œuvres.

Denis de Rougemont a relevé chez Ramuz un ton de création du monde. Et Ramuz en a donné une raison supplémentaire, qui s'ajoute à celles de son inspiration (son « instinct ») et de son style, en confessant son peu d'attrait pour le présent : « Ma douleur (je souffre d'imagination) est d'appréhension ou de souvenir ; elle n'est guère dans le présent. » Animé d'un pouvoir de concentration qui tenait de l'entêtement, il a bâti l'œuvre qu'il voulait, comme il la voulait, une œuvre unique de démonstration d'authenticité. Même lorsque le mal détruit ses personnages, bouleverse ses décors, c'est encore avec une certaine pureté, disons avec une rudesse exempte de vilenie qui justifie sa recherche dans deux de ses plus beaux essais, Taille de l'homme et Besoin de grandeur.

Certes, il a de petites faiblesses. La postérité oubliera quelques pages alourdies par des redites inutiles et des comparaisons démodées. Mais le gros œuvre est construit pour durer.

— Henri-François BERCHET

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