LEBRUN CHARLES FRANÇOIS (1739-1824)
À Sainte-Hélène, parlant des deux consuls qui l'avaient assisté en l'an VIII, Napoléon disait qu'il « avait choisi en Cambacérès et Lebrun deux hommes de mérite, deux personnages distingués, tous deux sages, modérés, capables, mais d'une nuance tout à fait opposée. L'un (Cambacérès), l'avocat des abus, des préjugés, des anciennes constitutions, du retour des honneurs, des distinctions, etc. ; l'autre (Lebrun) froid, sévère, insensible, combattant tous ces objets, y cédant sans illusion et tombant naturellement dans l'idéologie. »
Lebrun débute aux côtés de Maupeou, sous Louis XV. Élu aux états généraux, il défend le bicaméralisme anglais, est arrêté en 1793 et libéré après la chute de Robespierre, en juillet 1794. Il représente la droite au Conseil des Anciens avant de se rallier à Bonaparte lors du coup d'État de Brumaire. Troisième consul dans la Constitution de l'an VIII, il a pour mission de rassurer les partisans de l'Ancien Régime, comme Cambacérès les conventionnels régicides. Il s'occupe plus particulièrement des finances. Avec l'avènement de l'Empire, il est nommé architrésorier. Alors qu'il ne cesse de s'appuyer sur Cambacérès auquel il confie la responsabilité des affaires en son absence, Napoléon se montre de plus en plus méfiant à l'égard de Lebrun, lui reprochant son attachement au libéralisme doctrinaire : « Le consul Lebrun était de l'Assemblée constituante, on le voit ; il en conserve l'idéologie. » Tous les témoins, Molé, Roederer, Pasquier, Beugnot ou Chabrol, gendre de Lebrun, confirment dans leurs mémoires cet effacement progressif de l'architrésorier, fait pourtant duc de Plaisance en mars 1808. Sa mission extraordinaire d'administrateur en Hollande, en 1810, après l'abdication de Louis Bonaparte, est une forme d'exil. Il échoue d'ailleurs comme gouverneur général de l'ancien royaume où Napoléon doit envoyer l'un des chefs de sa police, Réal, pour rétablir l'ordre. Lebrun ne pourra préserver la Hollande de l'invasion en 1813. Écarté de la Chambre des pairs sous la Restauration, il n'y revient qu'en 1819, mais n'y joue plus aucun rôle.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Autres références
-
VOUET SIMON (1590-1649)
- Écrit par Robert FOHR
- 3 425 mots
- 3 médias
...Perrier, Pierre Mignard, Noël Quillerier, Michel I Corneille, Charles Poërson, Nicolas Chaperon, Michel Dorigny, François Tortebat, Eustache Le Sueur, Charles Le Brun et Charles Dauphin... On trouve là quelques-unes des futures gloires du siècle. L'entreprise, le mot n'est pas trop fort, garde cependant...