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GIDE CHARLES (1847-1932)

Charles Gide est né le 29 juin 1847 à Uzès (Gard). Selon la tradition familiale – mais contre ses goûts – il fait des études de droit à Paris où son frère Paul – le père d'André Gide – était professeur, et soutient en 1872 une thèse sur La liberté d'association en matière religieuse. En 1874, il réussit l'agrégation mais, peu attiré par le droit, choisit d'enseigner l'économie politique que l'on introduisait alors dans les universités, d'abord à Bordeaux, puis en 1880 à Montpellier. En 1884, il fait paraître des Principes d'économie politique qu'il révisera toute sa vie et qui connaîtront vingt-six éditions françaises et dix-neuf traductions. En 1887, s'opposant aux économistes libéraux français, il crée la Revue d'économie politique dont il restera jusqu'en 1932 le rédacteur en chef. À partir de 1885, il participe à la relance du mouvement coopératif français et à la création en 1886 de L'Émancipation, le petit journal de ce que l'on appellera « l'École de Nîmes ». Sur la fin du siècle, les coopératives socialistes vont faire sécession et Charles Gide, à la tête de la branche « bourgeoise » du mouvement, poussera à sa réunification, qui interviendra en 1912. Il sera également un des fondateurs et animateurs du protestantisme social français (Association protestante pour l'étude pratique des questions sociales, Nîmes, 1888) et participera à de nombreuses ligues de moralité.

En 1898, il s'installe à Paris. Enseignant à la faculté de droit, il se range parmi les dreyfusards, participe aux premiers pas de la Ligue des droits de l'homme et de l'École des hautes études sociales, s'implique dans le mouvement des universités populaires et collabore à l'Union pour la vérité de Paul Desjardins. Propagandiste inlassable de la coopération, il s'intéresse désormais plus à l'économie sociale qu'à l'économie politique malgré la publication en 1909, avec Charles Rist, d'une Histoire des doctrines économiques qui restera longtemps un ouvrage de référence.

Pendant la Grande Guerre – où l'un de ses fils va être tué et l'autre gravement blessé – il est l'un des animateurs de la Société d'études critiques et documentaires sur la guerre d'orientation pacifiste. Au lendemain de la guerre – il a alors soixante-douze ans – il s'efforce de relancer l'Alliance coopérative internationale et le mouvement protestant social français qui le choisit comme président en 1922. Élu au comité central de la Ligue des droits de l'homme en 1921, il en sera vice-président en 1927. Co-fondateur en 1921 de la Revue des études coopératives, il est élu en 1920 au Collège de France et y occupe de 1921 à 1930 une chaire financée par le mouvement coopératif. Il meurt à Paris le 12 mars 1932, laissant une œuvre immense – près de 4 000 écrits – mais très mal connue.

Charles Gide se place dans la continuité du socialisme français associationniste et particulièrement de Charles Fourier auquel il a consacré de nombreuses pages. La base de son système, dès 1889, est le concept de solidarité. Il tient celui-ci pour une loi naturelle – en cela ni bonne ni mauvaise – qui lie les hommes entre eux et les conduit à s'associer. Dans l'infinie diversité présente et à venir des formes d'associations qui concrétisent au niveau des institutions la loi de la solidarité, la coopérative de consommation lui paraît la plus prometteuse pour son époque : loin d'avoir une simple fonction « ménagère », elle a une fonction éducative, notamment d'initiation à la démocratie économique. En se diffusant, elle contribuera à l'abolition du salariat et supprimera, avec le profit, l'origine de la plupart des conflits. Charles Gide a d'abord cru en effet que le coopératisme pourrait gagner progressivement[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de sciences économiques à l'université de Montpellier-I

Classification

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