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PEDERSEN CHARLES JOHN (1904-1989)

Chimiste américain né à Pusan (Corée) d'une mère japonaise et d'un père norvégien. Sa famille s'installe aux États-Unis en 1922. Pedersen est diplômé en génie chimique de l'université de Dayton (Ohio) en 1926 et obtient l'année suivante une maîtrise en chimie organique du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T., Cambridge). Il entre alors à la compagnie Du Pont de Nemours, où il va effectuer toute sa carrière jusqu'à son départ en retraite en 1969.

Pedersen obtient vite des résultats très intéressants pour sa firme : on peut citer l'amélioration de la fabrication du plomb tétraéthyle, additif antidétonant longtemps utilisé dans les carburants automobiles, ou la mise au point d'un procédé pour stabiliser les hydrocarbures (carburants, caoutchouc...) vis-à-vis des réactions d'oxydation intempestives. Il est nommé en 1947 research associate, la plus haute position scientifique chez Du Pont de Nemours. En 1962, il cherche à effectuer la synthèse de nouveaux ligands phénoliques, possédant plusieurs oxygènes et susceptibles de se coordonner avec un ion métallique. Lors de certains essais, il note la présence, en faible quantité, d'un composé fibreux, dont il constate qu'il a la propriété tout à fait inhabituelle de se lier avec des ions sodium ou potassium et de les rendre solubles dans les milieux organiques. Pedersen détermine la structure du composé : il s'agit d'un polyéther cyclique comportant douze atomes de carbone et six atomes d'oxygène régulièrement alternés, selon le motif caractéristique -CH2-CH2-O- ; l'ensemble affecte la forme d'une couronne, d'où le nom d'éthers couronnes que Pedersen propose pour ces structures. Cette appellation leur est restée. Pedersen interprète vite le comportement très particulier du composé obtenu : la structure ménage en son centre une cavité dont la taille, que l'on peut mesurer sur un modèle moléculaire, lui permet d'accepter un ion sodium ou potassium qui est maintenu en son centre par complexation avec les atomes d'oxygène de l'éther couronne ; l'ensemble, devenu lipophile, peut être solubilisé dans des solvants organiques. Dans le mémoire qu'il publie en 1967, Pedersen décrit la préparation d'une cinquantaine d'éthers couronnes présentant des cycles formés de neuf à soixante atomes, présentant donc des « trous » de tailles variées et pouvant complexer des ions de diamètres différents. Les résultats de Pedersen ont ouvert une nouvelle page en chimie et ont inspiré, entre autres, les travaux de Donald James Cram et de Jean-Marie Lehn, avec lesquels Charles Pedersen partage le prix Nobel de chimie en 1987.

— Georges BRAM

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sud-XI-Orsay

Classification

Autres références

  • CHIMIE SUPRAMOLÉCULAIRE, en bref

    • Écrit par
    • 283 mots

    Au-delà de la vision moléculaire, où les atomes se combinent pour former des structures déjà complexes, il existe un autre domaine d'association qui implique cette fois des molécules pour donner des assemblages aux multiples applications. Ce champ d'études, appelé chimie supramoléculaire...