LAMB CHARLES (1775-1834)
Poète et essayiste, Lamb est l'inverse d'Hazlitt, par le rayonnement de sa générosité et de sa bonté, par son humour, refuge d'une sensibilité qui côtoie sans cesse le déséquilibre, le sien et surtout celui de sa sœur Mary qui, lors d'un accès de folie, tua leur mère (1796). Charles ne réclama pas l'aide de son frère aîné John, et assuma seul la surveillance difficile de cette malade, à laquelle il sacrifia toute vie personnelle ; mais ce fut au bénéfice d'une union profonde et d'une collaboration littéraire originale, tentative pour rénover la littérature enfantine : Tales from Shakespeare (1807), Specimens of English Dramatic Poets Who Lived about the Time of Shakespeare (1808). Charles Lamb resta attaché comme comptable à la compagnie des Indes-Orientales jusqu'à l'âge de cinquante ans ; vie confinée mais tissée des joies réelles que procurent livres, estampes et la fréquentation des théâtres et d'amis : Wordsworth, Coleridge, Southey, Hazlitt, qu'il réunit chez lui pour ses mercredis et jeudis.
Malgré ses origines très modestes, il put recevoir une solide formation à Christ's Hospital, où Coleridge le précéda de trois années. Il n'est pas homme de lettres, seulement un amateur qui exploite ses goûts et ses dons sans jamais se prendre trop au sérieux, à la différence de ses amis ; ainsi il sera lui-même parmi ceux qui siffleront sa farce, Mr. H. (1807), jouée à Drury Lane et il n'aura aucune illusion quant à la valeur de ses autres pièces, de sa nouvelle sentimentale Rosamund Gray (1798), de ses poèmes (quatre sonnets avaient paru dès 1796, avec les Poems de Coleridge). Sa notoriété, de son vivant, et sa renommée permanente lui viennent, en fait, de ses deux volumes d'essais, publiés dans le London Magazine et recueillis sous les titres d'Essays of Elia (1823) et de The Last Essays of Elia (1834) ; le pseudonyme d'Elia est emprunté à l'un de ses collègues de bureau. Influencé par des écrivains des xviie et xviiie siècles, tels que sir Thomas Browne, sir Richard Burton et L. Sterne, il n'évite pas le pastiche, mais la majorité de ses essais portent la marque de sa personnalité complexe et décomposent, tel un prisme, ses souvenirs et ses méditations, grâce à la magie d'un style artiste très travaillé, parfois proche de la poésie. Né dans le curieux quartier de l'Inner Temple à Londres, Lamb, par mimétisme, en a pris la couleur et en a tiré le meilleur de son inspiration, comme Wordsworth a fait de son pays des Lacs.
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Écrit par
- Louis BONNEROT : professeur honoraire à la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Autres références
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ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature
- Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ , Jacques DARRAS , Jean GATTÉGNO , Vanessa GUIGNERY , Christine JORDIS , Ann LECERCLE et Mario PRAZ
- 28 170 mots
- 30 médias
Un groupe d'« excentriques » reflète le climat bourgeois (Biedermeier) de l'époque victorienne naissante. Charles Lamb (1775-1834), le créateur de l'essai romantique pénétré de lyrisme en sourdine (« Blakesmoor in H...shire », « Dream Children », « Old China », dans le volume ...