LA CONDAMINE CHARLES MARIE DE (1701-1774)
Un grand voyageur
En 1731, La Condamine part visiter les Échelles du Levant, ces ports méditerranéens de l’Empire ottoman dans lesquels les négociants français ont certains droits. Depuis Alger, il fait le tour de la Méditerranée orientale jusqu’à Constantinople. Il détermine la latitude de plusieurs villes et observe les variations de la déclinaison magnétique terrestre.
Mais c’est l’expédition envoyée par l’Académie des sciences au Pérou espagnol qui consacre la réputation de grand voyageur de La Condamine. Elle a pour but de savoir si la Terre est aplatie ou allongée vers les pôles. Dans le premier cas, un degré de latitude compté sur un méridien devait être plus court vers l’équateur que vers le pôle, et plus long dans le second cas. Pour résoudre cette question, objet de vifs débats entre les savants, et connaître la forme – qu’on appelait alors « figure » – exacte de la Terre, l’Académie envoie en 1735 une mission au Pérou espagnol pour mesurer la longueur d’un degré sur un méridien vers l’équateur, et, en 1736, une mission en Laponie pour effectuer la même opération vers le pôle Nord. La mission géodésique au Pérou est dirigée par l’astronome Louis Godin (1704-1760) qui est assisté de l’astronome Pierre Bouguer (1698-1758) et de La Condamine.
Les mesures, achevées en 1743, sont pour l’essentiel effectuées par Bouguer. La Condamine y participe, mais surtout, grâce à son énergie, son adresse à se conduire en société et sa fortune, il réussit à surmonter les difficultés considérables auxquelles l’expédition se heurte et qui auraient pu la conduire à l’échec. Mais au retour de l’expédition, une querelle s’élève entre Bouguer et La Condamine. Bouguer pense avoir fait l’essentiel du travail géodésique. Or il voit avec irritation ce dont Condorcet (1743-1794) témoigne : La Condamine se répand partout à Paris en faisant oublier Bouguer. C’est tellement vrai, qu’aujourd’hui encore, on parle de « l’expédition de La Condamine », comme si celui-ci l’avait dirigée.
Ce qui place La Condamine au premier rang des explorateurs des Amériques, c’est le dangereux voyage de retour vers l’Europe qu’il entreprend deux ans durant, après la mission donnée par l’Académie des sciences, en descendant le cours de l’Amazone. Il en fera le récit, qui sera lu à l’Académie des sciences de Paris, le 28 avril 1745.
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Écrit par
- Jean-Paul POIRIER : docteur ès sciences, physicien émérite de l'Institut de physique du globe de Paris
Classification
Média
Autres références
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ÉLASTOMÈRES ou CAOUTCHOUCS
- Écrit par Christian HUETZ DE LEMPS et Françoise KATZANEVAS
- 7 896 mots
- 9 médias
...elastica, que les Espagnols utilisèrent pour imperméabiliser vêtements et chaussures. La première observation scientifique du caoutchouc est due à Charles de La Condamine qui, au cours de sa mission organisée par l'Académie des sciences de Paris pour mesurer la longueur d'un arc de méridien...