LA CONDAMINE CHARLES MARIE DE (1701-1774)
Un passeur de sciences
On connaissait depuis longtemps en Europe les propriétés fébrifuges de l’écorce du quinquina, mais pas l’arbre. En 1737, lors de cette expédition au Pérou, La Condamine l’a observé. Il réalise des dessins, coloriés d’après nature, de ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, grâce auxquels Carl von Linné (1707-1778) décrira l’arbre qu’il nommera en 1753 Cinchonaofficinalis.
Au Pérou, les Indiens utilisaient une « résine élastique » qu’ils nommaient cahutchu pour la fabrication de bottes et de capotes (grands manteaux à capuche) imperméables. Cette résine provient de la sève d’un arbre que La Condamine n’a pas eu le temps d’étudier. Toutefois, il a reçu, après son retour en France, un mémoire d’un ingénieur de Cayenne, François Fresneau de La Gataudière (1703-1770), qu’il avait rencontré en 1744. Ce manuscrit décrit pour la première fois l’arbre à caoutchouc, en « laissant peu de chose à désirer sur ce sujet », selon les termes de La Condamine. Ce dernier en communique la teneur à l’Académie des sciences en 1751, qui élit alors Fresneau comme correspondant.
Dans son enfance, La Condamine avait été atteint de la variole (ou petite vérole), et son visage en était grêlé. On conçoit donc qu’il se soit intéressé à l’inoculation de la petite vérole, méthode préventive apportée de Constantinople et expérimentée en Angleterre à la fin des années 1720 pour protéger les enfants des formes graves de cette maladie, en les mettant en contact avec le pus variolique d’un malade. La Condamine a fait campagne pour généraliser cette pratique souvent mal acceptée. Il a écrit trois mémoires (1754, 1758 et 1765) sur l’histoire de l’inoculation, les réponses aux objections qu’elle rencontrait et ses avantages.
Charles Marie de La Condamine est mort le 4 février 1774 à Paris, des suites de l’opération d’une hernie. En prononçant, le 13 avril 1774, son éloge, Condorcet, alors secrétaire adjoint de l’Académie des sciences, souligne la curiosité universelle et permanente de cet homme de science qui a su partager ses connaissances. Il célèbre un savant qui ne s’est pas illustré par des découvertes ou inventions, mais dont l’action pourtant a contribué au progrès et à l’utilité des sciences.
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Écrit par
- Jean-Paul POIRIER : docteur ès sciences, physicien émérite de l'Institut de physique du globe de Paris
Classification
Média
Autres références
-
ÉLASTOMÈRES ou CAOUTCHOUCS
- Écrit par Christian HUETZ DE LEMPS et Françoise KATZANEVAS
- 7 896 mots
- 9 médias
...elastica, que les Espagnols utilisèrent pour imperméabiliser vêtements et chaussures. La première observation scientifique du caoutchouc est due à Charles de La Condamine qui, au cours de sa mission organisée par l'Académie des sciences de Paris pour mesurer la longueur d'un arc de méridien...