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MORAZÉ CHARLES (1913-2003)

Historien français. Fils d'officier de l'armée du Rhin, Charles Morazé a commencé au lycée français de Mayence des études qu'il a poursuivies à la faculté des lettres de Paris. Reçu premier à l'agrégation d'histoire et de géographie, il est nommé, en 1941, professeur d'histoire économique et sociale à l'École libre des sciences politiques, futur Institut d'études politiques. À la Libération, il ajoute à ce professorat une direction d'études à l'École pratique des hautes études, dont Mario Roques lui a ouvert les portes – en même temps qu'il lui faisait découvrir la linguistique –, et où il dirige de nombreux travaux de recherche sur l'histoire des sciences. Lorsque, en 1947, est créée une VIe section au sein de cette institution, Morazé, qui a publié trois années plus tôt une Introduction à l'histoire économique, participe, au côté de Lucien Febvre, Fernand Braudel et Ernest Labrousse, à la mise en place des enseignements appelés à être fédérés par l'École des hautes études en sciences sociales, en assurant ceux d'histoire économique dès 1948, et de psychologie historique.

Les ouvrages de Morazé montrent une grande variété d'orientations et une curiosité universelle. À l'histoire économique et sociale se rattachent principalement La France bourgeoise XVIIIe-XXe siècles (1946) et Les Bourgeois conquérants (1957). De la méditation sur le devenir du Vieux et du Nouveau Continent sont issus le premier tome, intitulé L'Homme, de l'Essai sur la civilisation d'Occident (1950) – un second tome qui devait être consacré aux nations ne verra pas le jour – et Les Trois Âges du Brésil (1954). La politologie est représentée par les Études de sociologie électorale, qui forment le premier des Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques dont il assura la coordination et le lancement en 1947, Les Français et la République (1956) ainsi que Le Général de Gaulle et la République (1972). La réflexion sur l'historicité, le possible et le certain fait l'objet de La Logique de l'histoire (1967), celle qui porte sur le développement de la pensée scientifique est notamment exposée dans un dernier ouvrage, Les Origines sacrées des sciences modernes (1986).

Multipliant les expériences didactiques – en 1958 il est, à l'École polytechnique, professeur d'histoire et de littérature au département des Humanités et sciences sociales, qu'il présidera en 1971 – ainsi que les entreprises éditoriales et scientifiques – codirecteur des Annales, il est également à l'origine des Cahiers d'histoire mondiale et membre fondateur de la Maison des sciences de l'homme –, Charles Morazé est aussi un conseiller écouté en politique : membre du comité d'études de la réforme de l'enseignement en 1954 et 1963, il est chargé de mission au cabinet de Christian Fouchet alors ministre des Affaires marocaines et tunisiennes dans le gouvernement Mendès France (1954-1955), puis conseiller technique au cabinet du général de Gaulle en 1958. Conseiller auprès du directeur des enseignements supérieurs en 1965, il a enfin exercé de hautes fonctions, aussi bien dans des commissions et instituts nationaux qu'au sein d'organismes internationaux comme l'U.N.E.S.C.O. où il présida, à partir de 1982, la Commission internationale pour l'histoire scientifique et culturelle.

Ni la reconnaissance sociale ni la notoriété n'ont manqué à Charles Morazé. En témoignent les Préfaces respectivement données par Lucien Febvre et Fernand Braudel à ses ouvrages de 1946 et de 1957. La place qui lui revient dans l'histoire intellectuelle du dernier demi-siècle a-t-elle été pour autant bien discernée ? On peut en douter à la lecture du long préambule sur lequel s'ouvre [...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-V-Sorbonne, secrétaire général de L'Année sociologique

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