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MÜNCH CHARLES (1891-1968)

La carrière internationale

L'effondrement de la république de Weimar oblige Charles Münch à quitter Leipzig pour ne pas être contraint d'adopter la nationalité allemande. Il se fixe à Paris, travaille la direction d'orchestre avec Alfred Szendrei et, en 1932, dirige son premier concert avec l'Orchestre Straram, qu'il a loué pour la circonstance. L'été suivant, il dirige la saison musicale de Biarritz, puis l'Orchestre des Concerts Lamoureux et l'Orchestre symphonique de Paris ; c'est le début d'une étonnante carrière qui le mène à Budapest, Prague, Cannes, Vienne. Il fonde l'Orchestre philharmonique de Paris, qu'il dirige de 1935 à 1938 ; en 1936, il devient professeur de violon à l'École normale de musique et il succède en 1938 à Philippe Gaubert à la tête de la Société des Concerts du Conservatoire. À la même époque, Henri Rabaud lui confie la classe de direction d'orchestre du Conservatoire de Paris.

Pendant l'Occupation, Münch lutte pour maintenir la musique française au répertoire et impose de nombreux jeunes compositeurs. Plusieurs musiciens juifs lui doivent d'avoir échappé aux recherches de la Gestapo. Néanmoins, son attitude sera critiquée par une partie importante du milieu musical français. Après la guerre, il est invité à la tête de grands orchestres étrangers : Concertgebouw d'Amsterdam, Philharmonie tchèque (pour le 50e anniversaire de cet orchestre), Orchestre philharmonique de Vienne ; il dirige en Israël, à Lucerne, Zurich, Bruxelles, Londres, et aux États-Unis, où il avait fait une brève apparition en 1939. En France, il partage ses activités entre la Société des Concerts et l'Orchestre national, qu'il dirige lors de la légendaire tournée américaine, à l'automne de 1948 : pendant plus de deux mois, les musiciens donnent trente-neuf concerts aux États-Unis et au Canada, et Charles Münch devient la coqueluche des Américains. Un an après, il succède à Serge Koussevitzky comme directeur musical de l'Orchestre symphonique de Boston. En 1951, il prend en outre la tête du Berkshire Music Center, le fameux festival de Tanglewood, poste qu'il occupera jusqu'en 1962. En Europe, il dirige encore régulièrement l'Orchestre national, avec lequel il entretient toujours des relations privilégiées, quelques concerts avec l'Orchestre des Concerts Colonne, dont il est le président entre 1953 et 1958 – une position plus symbolique qu'effective. Avec Boston, Koussevitzky lui a légué le plus français des orchestres américains : le grand chef américain d'origine russe avait en effet recruté de nombreux instrumentistes à vent français qui s'étaient fixés à Boston et avaient fait école. Le « son bostonien » devient une référence en matière de musique française.

En 1962, Charles Münch reprend son indépendance. Tous les meilleurs orchestres du monde jouent sous sa direction et il remporte un triomphe au Japon comme en U.R.S.S. Il se consacre à nouveau au disque, qui a jalonné son activité à Boston, et réenregistre en stéréophonie plusieurs œuvres gravées naguère en monophonie, notamment une seconde intégrale de l'œuvre symphonique de Debussy, avec l'Orchestre national, qu'il ne pourra malheureusement pas achever.

En 1967, Marcel Landowski lui propose la direction du nouvel Orchestre de Paris. Münch façonne lui-même cette nouvelle phalange avec une majorité de musiciens issus de la Société des Concerts du Conservatoire. Un véritable mariage d'amour qui n'est malheureusement pas appelé à durer. Au cours d'une tournée triomphale aux États-Unis, Charles Münch meurt subitement le 6 novembre 1968, à Richmond, en Virginie.

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Charles Münch - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

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