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CHARLES QUINT (1500-1558)

Les affaires d'Italie et la lutte contre la France

L' Italie fut, dans les dernières années du xve siècle et la première moitié du xvie, le principal champ de bataille de l'Europe. La civilisation y était largement en avance sur celle des autres nations. Les Italiens avaient mis au point les techniques nouvelles du grand commerce et de la banque. Ils avaient développé les industries de luxe, telles la soierie et la miroiterie. Nul pays ne comptait autant de grandes villes. La renaissance des lettres et des arts s'y était épanouie de bonne heure. Mais le pays était morcelé entre plusieurs États rivaux, le royaume de Naples, l'État pontifical, les républiques de Florence, Gênes et Venise, les duchés de Milan et de Savoie, et diverses principautés ou républiques de moindre importance. Cette faiblesse politique servit les ambitions des deux grandes monarchies française et espagnole, qui s'affrontèrent à maintes reprises. Successeur de Ferdinand le Catholique, Charles Quint poursuivit la politique traditionnellement tournée vers l'Italie de la maison d'Aragon. En outre, en tant qu'héritier des ducs de Bourgogne, il avait une raison supplémentaire d'entrer en conflit avec la France. Il n'avait jamais renoncé à la Bourgogne ducale annexée par Louis XI. De là une lutte interminable avec François Ier, qui allait se traduire par quatre guerres successives.

Les deux premières, qui se suivirent d'assez près, furent les plus importantes. En 1521, le Milanais fut enlevé à François Ier et rendu à la dynastie des Sforza. Le roi de France tenta à plusieurs reprises de le reconquérir. Vaincu et fait prisonnier à Pavie (1525), il dut, sous la contrainte, signer le désastreux traité de Madrid, qu'il s'empressa de désavouer dès qu'il eut recouvré la liberté. Il trouva un appui diplomatique auprès du pape Clément VII et de plusieurs princes italiens, qui, jugeant Charles Quint trop puissant, conclurent avec lui la ligue de Cognac. L'Angleterre et les Turcs s'y montraient également favorables. Les hostilités reprirent en Italie, où le sac de Rome, perpétré par des troupes indisciplinées au service de l'empereur menées par le luthérien Frundsberg, causa un énorme scandale (1527). François Ier, reprenant les armes, reconquit le Milanais et ses troupes envahirent le royaume de Naples. Mais il perdit l'appui de la flotte génoise, commandée par Andrea Doria et la maîtrise de la mer passa du côté de Charles Quint. La paix de Cambrai ou paix des Dames (1529) obligea François Ier à renoncer à ses prétentions italiennes et à abandonner la suzeraineté de l'Artois et de la Flandre, clauses qui figuraient déjà dans le traité de Madrid, mais il conserva la Bourgogne.

Les deux guerres suivantes furent plus espacées et ne modifièrent pas sensiblement l'équilibre des forces. L'ouverture de la succession de Milan en 1535 provoqua un nouveau conflit. François Ier, qui réclamait le duché pour un de ses fils, occupa la Savoie et une partie du Piémont. Charles Quint riposta en envahissant la Provence, mais il dut battre en retraite. La trêve de Nice interrompit les hostilités (1538). Après que Charles Quint se fut décidé à conférer l'investiture de Milan à son fils Philippe, une quatrième guerre éclata en 1542. Cette fois, il attaqua vigoureusement la France par le nord-est. S'avançant jusqu'à Épernay, il contraignit son rival à signer la paix de Crépy-en-Laonnois (1544), dont les clauses restèrent sans effet.

Il y eut de nouveaux affrontements sous le règne de Henri II, alors que les affaires d'Allemagne étaient passées au premier plan. Le principal fut la guerre de Sienne (1552-1556). Cette ville chassa sa garnison espagnole et demanda l'aide de la France. Le maréchal Strozzi et Montluc, qui furent envoyés pour la secourir, furent finalement battus. Mais[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

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Médias

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Empire de Charles Quint - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire de Charles Quint

<it>Portrait de Charles Quint</it>, Titien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Charles Quint, Titien

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