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CHARLES QUINT (1500-1558)

Les affaires d'Allemagne et la lutte antiprotestante

Lorsque Charles Quint fut élu roi des Romains – c'est ainsi qu'on appelait l'empereur désigné – le Saint Empire comprenait un immense territoire aux frontières mal définies, qui correspondait au territoire actuel de l'Allemagne, de l'Autriche, des Pays-Bas, d'une partie de la Belgique et de la France du Nord-Est. C'était un conglomérat d'États princiers, ecclésiastiques ou laïques, de villes libres et de minuscules seigneuries. La famille de Habsbourg avait réussi à rassembler de vastes possessions en Autriche, dans le sud de l'Allemagne et en Alsace, auxquelles était venu s'ajouter l'héritage bourguignon aux Pays-Bas et en Franche-Comté. C'est sur cet ensemble que reposait la puissance de la dynastie. Car le titre impérial y ajoutait beaucoup de prestige, mais peu de pouvoir réel. Choisi par les sept électeurs et amené à leur faire beaucoup de promesses, l'empereur n'avait à sa disposition ni armée ni impôts permanents. Il devait discuter avec la Diète pour obtenir des subsides.

Couronné à Aix-la-Chapelle, Charles Quint céda bientôt le gouvernement des États héréditaires à son frère Ferdinand, qui, après la mort du roi Louis II de Hongrie, à la bataille de Mohacs (1526), hérita du royaume de Bohême et d'une partie de la Hongrie. La lutte contre les Turcs devait être son principal souci. Charles Quint n'y intervint qu'épisodiquement, en se rendant à Vienne en 1532.

En revanche, la Réforme luthérienne fut au premier plan de ses préoccupations. Dès 1521, il rencontra Luther qu'il avait convoqué à la Diète de Worms. Scandalisé par son audace, il le fit mettre au ban de l'Empire. Mais, trop occupé par ses guerres contre François Ier, il ne put s'appliquer aux affaires d'Allemagne, lors de la grande crise qui secoua le pays à la suite de la prédication de Luther et souleva successivement contre l'ordre établi les chevaliers et les paysans. Il ne revint en Allemagne qu'en 1530, alors que le protestantisme s'était sensiblement fortifié. À la Diète d'Augsbourg, il invita les princes protestants à se soumettre. Ceux-ci ripostèrent par la constitution de la ligue de Smalkalde, qui devint une puissance politique (1531). Pendant une quinzaine d'années, Charles Quint s'efforça de rétablir l'unité religieuse en favorisant la tenue de colloques et en réclamant de la papauté la réunion d'un concile œcuménique, conformément aux vœux d'Érasme et de ses disciples. Mais il se heurta à l'intransigeance de Luther et à une certaine défiance de la part de Clément VII, puis de Paul III. Celui-ci décida finalement l'ouverture du concile, mais elle fut retardée jusqu'en 1545. La politique française, qui, tout en prônant elle aussi l'unité religieuse, cherchait surtout à dresser les princes contre l'empereur, contraria également ses efforts.

C'est seulement en 1546, après ses campagnes victorieuses contre le duc de Clèves et François Ier, qu'il se résolut à employer la force. Après avoir obtenu de la Diète la condamnation, pour des raisons politiques, de Philippe de Hesse et de l'électeur de Saxe, chefs de la ligue de Smalkalde, et l'appui de certains princes luthériens, comme Maurice de Saxe, il remporta une grande victoire à Mühlberg (1547). Puis il tenta de rétablir l'unité religieuse par l'Intérim d'Augsbourg qui accordait aux protestants quelques concessions, solution qui se heurta à l'opposition de Paul III, puis de son successeur Jules III, ainsi qu'à celle des protestants irréductibles.

Ceux-ci prirent leur revanche en 1552. Maurice de Saxe, qui avait obtenu pour prix de ses services la dignité électorale, passa dans le camp des adversaires de l'empereur. Le traité de Chambord[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

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Médias

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Empire de Charles Quint - crédits : Encyclopædia Universalis France

Empire de Charles Quint

<it>Portrait de Charles Quint</it>, Titien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Charles Quint, Titien

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