DARWIN CHARLES ROBERT (1809-1882)
Bien que la notion de devenir, connaturelle à l'esprit humain, n'ait pas manqué, dans l'Antiquité même, d'être appliquée aux espèces vivantes – notamment par Anaximandre de Milet (vie s. av. J.-C.) et par quelques Pères de l'Église, tel saint Augustin –, le fixisme a constitué pendant des siècles la pensée officielle ; il se fondait aussi bien sur l'autorité d'Aristote et de la scolastique que sur le souci de défendre la lettre du récit biblique de la Genèse.
C'est l'année même de la naissance de Darwin que l'évolutionnisme fit une percée éclatante avec l'ouvrage de Lamarck, La Philosophie zoologique ; mais le lamarckisme, plus théorique et prophétique que véritablement explicatif, se trouva vite en butte aux critiques de nombreux savants, parmi lesquels se détache Cuvier.
Le génie de Darwin allait cependant réussir à démontrer le fait de l' évolution biologique ; l'auteur de L'Origine des espècesest donc à juste titre considéré comme le fondateur du transformisme, théorie qui, malgré les remous qu'elle devait susciter, revêt une signification décisive pour la pensée contemporaine et lui fournit un de ses concepts clés.
La genèse d'une vocation
Le naturaliste anglais Charles Robert Darwin fut l'un des biologistes les plus éminents de tous les temps. Il imposa la notion d'évolution biologique, en mettant en lumière l'un de ses mécanismes essentiels, la sélection naturelle ; ses œuvres, et notamment L'Origine des espèces, ont inauguré une ère nouvelle de la pensée humaine.
Darwin, né en 1809 à Shrewsbury, dans le Shropshire, était le petit-fils d'Erasme Darwin, médecin, physiologiste et poète, resté célèbre pour une Zoonomie (Zoonomia) où certains ont cru déceler l'idée d'une transformation des espèces. Il fréquenta l'école de Shrewsbury et s'intéressa à des collections variées (coquilles, médailles, sceaux, franchises postales, plantes, minéraux), au jardinage, à l'entomologie, à l'ornithologie, à la poésie et à la peinture de paysages, mais surtout à la chimie expérimentale et à la pratique médicale que lui inculqua son père. De 1825 à 1828, il fréquenta l'université d'Édimbourg pour y poursuivre des études de médecine auxquelles sa sensibilité ne résista pas et qui d'ailleurs, en dehors des leçons de chimie, l'intéressaient d'autant moins qu'il savait que son « père [lui] laisserait assez de fortune pour [lui] permettre de vivre avec confort. Cette croyance suffit à réprimer tout effort énergique nécessaire pour apprendre la médecine ». Il rencontra néanmoins à cette période William MacGillivray, qui lui apprit à naturaliser les oiseaux, et Robert Edmond Grant, qui lui parla de Lamarck. Renonçant à en faire un médecin, son père lui proposa, en 1828, de devenir clergyman, perspective qui, temporairement, plut à Charles. Celui-ci entra donc à Christ's College, à l'université de Cambridge, dont, étudiant médiocre, il sortit cependant bachelier ès arts trois ans plus tard ; il y subit l'influence de professeurs qui demeurèrent ses amis, le botaniste John Stevens Henslow et le géologue Adam Sedgwick. Il ne serait peut-être resté qu'un simple whig fortuné si une occasion fantastique, qui allait décider de toute sa vie, de toute son œuvre, ne s'était présentée à lui. Le capitaine Fitzroy offrait une place de naturaliste à bord du Beagle, qui devait compléter certains relevés cartographiques et effectuer des mesures chronométriques autour du monde. Pressenti par Henslow, soutenu par son oncle Wedgwood contre les réticences de son père, Charles Darwin devint ce naturaliste privilégié.
Le Beagle quitta Devonport le 27 décembre 1831. Il regagna Falmouth le 2 octobre 1836. « Darwin visita Santiago, dans les [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Charles BOCQUET : ancien professeur à la faculté des sciences de Paris, ancien directeur du laboratoire de génétique évolutive et de biométrie du C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
DARWIN (C. R.) - (repères chronologiques)
- Écrit par Pascal DURIS
- 395 mots
1809 Naissance, le 12 février, de Charles Robert Darwin à Shrewsbury dans le Shropshire en Angleterre. Cette même année paraît la Philosophie zoologique de Lamarck.
1825-1827 Il suit des études de médecine à l'université d'Édimbourg.
1828-1831 Il poursuit ses études à l'université...
-
LA DESCENDANCE DE L'HOMME ET LA SÉLECTION SEXUELLE, Charles Darwin
- Écrit par Thierry HOQUET
- 1 404 mots
- 1 média
Lorsque paraît, le 24 février 1871, La Descendance de l'homme et la sélection sexuelle(The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex ; traduction française parue en 1872), le naturaliste britannique Charles Darwin (1809-1882) est déjà célèbre à travers ses nombreux ouvrages scientifiques,...
-
L'ORIGINE DES ESPÈCES, Charles Darwin
- Écrit par Pascal DURIS
- 266 mots
- 1 média
C'est en 1859, dans L'Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (On The Origin of Species by Means of Natural Selection, or The Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life), que le naturaliste...
-
ÂGE DE LA TERRE
- Écrit par Pascal RICHET
- 5 143 mots
- 5 médias
...diverses subdivisions purent ainsi être définies à partir du début du xixe siècle, rien ne pouvait cependant être dit sur leurs durées respectives. La question devint spécialement épineuse quand la théorie de l’évolution fut simultanément présentée à Londres par Charles Darwin (1809-1882) et Alfred... -
ANGIOSPERMES
- Écrit par Sophie NADOT et Hervé SAUQUET
- 6 132 mots
- 8 médias
...Angiospermes est l’un des axes de recherche les plus complexes et passionnants en biologie évolutive. Il comporte de nombreuses facettes. Déjà au xixe siècle, Darwin avait qualifié d’abominable mystère l’apparition soudaine des Angiospermes au Crétacé et la diversification rapide qui suivit pour conduire... -
AUXINES
- Écrit par Catherine PERROT-RECHENMANN
- 5 008 mots
- 2 médias
...suggérant la présence d'une substance chimique modifiant la croissance de la plante en réponse à un éclairement unilatéral datent de la fin du xixe siècle. Charles Darwin (1809-1882) et son fils Francis (1848-1925) publient en 1881, dans The Power of Movement in Plants, le fruit de leurs observations et... -
BIOGÉOGRAPHIE
- Écrit par Pierre DANSEREAU et Daniel GOUJET
- 11 072 mots
- 18 médias
Cette problématique est fortement influencée par des modèles animaux. L'idée de Linné, que l'on retrouve chezDarwin, est que la migration à partir d'un centre d'origine est le moteur initial de la distribution des espèces ; dans une optique évolutionniste, Darwin y ajoute la spéciation... - Afficher les 40 références