DARWIN CHARLES ROBERT (1809-1882)
Un biologiste exemplaire
Les premiers travaux
Dès la rentrée du Beagle, Darwin, en même temps qu'il travaillait au journal de son voyage, distribua à divers spécialistes le matériel zoologique et botanique qu'il avait recueilli, se réservant toutefois l'étude de pièces géologiques et des Crustacés Cirripèdes.
Après son journal de voyage, ses premières publications se rapportèrent aux observations géologiques qu'il avait faites sur les récifs coralliens et les îles volcaniques. Sa théorie relative aux formations coralligènes des atolls et des récifs-barrières fut « conçue avant qu'(il eût) vu un seul récif de corail » ; elle repose sur l'hypothèse d'un affaissement progressif du socle permettant, à mesure, la croissance verticale des Madréporaires, Cnidaires pour la plupart coloniaux et généralement inféodés à des eaux peu profondes ; encore qu'elle ne puisse être totalement généralisée, l'hypothèse de Darwin a été parfaitement vérifiée dans de nombreux cas. Dans son étude des îles volcaniques, commencée à Santiago, il montre, en accord avec Lyell, qu'un volcan résulte seulement d'une fracture de l'écorce terrestre, et non d'une boursouflure de celle-ci, par où s'écoulent les laves qui édifient le cône.
Darwin publia ensuite, entre 1851 et 1854, quatre monographies sur les Cirripèdes actuels et fossiles. Ses propres récoltes l'entraînèrent à étudier, dans son ensemble, cet « odieux » groupe. Il reconnut pourtant que ce travail de systématique, malgré l'« énorme perte de temps qu'il a exigée [lui] fut très utile lorsqu'[il] eut à discuter, dans L'Origine des espèces, les principes d'une classification naturelle ». Bien que Darwin ait considéré, contrairement aux conceptions modernes, l'espèce comme une unité arbitraire, ses monographies restent un modèle du genre.
La sélection naturelle
Pendant ce temps progressaient lentement, depuis 1837, avec cette patience que Darwin montrait dans toutes ses recherches, les idées qui devaient le conduire à son œuvre capitale.
« Pendant le voyage du Beagle, j'avais été profondément frappé d'abord en découvrant dans les couches pampéennes de grands animaux fossiles recouverts d'une armure semblable à celle des tatous actuels ; puis, par l'ordre selon lequel les animaux d'espèces presque semblables se remplacent les uns les autres à mesure qu'on avance vers le sud du continent, et enfin par le caractère sud-américain de la plupart des espèces des îles Galapagos, plus spécialement par la façon dont elles diffèrent légèrement entre elles sur chaque île du groupe : aucune de ces îles ne paraît très ancienne au point de vue géologique. Il est évident que ces faits et beaucoup d'autres analogues ne peuvent s'expliquer que par la supposition que les espèces se modifient graduellement » (Vie et correspondance).
Dans son livre de notes commencé en 1837, Darwin rassemble les preuves de la non-fixité des espèces.
« Je m'aperçus vite que la sélection représente la clef du succès qu'a rencontré l'homme pour créer des races utiles d'animaux et de plantes. Mais comment la sélection pouvait-elle être appliquée à des organismes vivant à l'état de nature ? » (Ibid.).
Selon Darwin, c'est en octobre 1836, lorsqu'il lut l'Essay on the Principle of Population de T. R. Malthus, que la solution de ce problème s'imposa à son esprit.
« J'étais bien préparé [...] à apprécier la lutte pour l'existence qui se rencontre partout, et l'idée me frappa que, dans ces circonstances, des variations favorables tendraient à être préservées, et que d'autres moins privilégiées, seraient détruites. Le résultat de ceci serait la formation de nouvelles espèces. J'étais enfin arrivé à formuler une « théorie » ([...]
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Écrit par
- Charles BOCQUET : ancien professeur à la faculté des sciences de Paris, ancien directeur du laboratoire de génétique évolutive et de biométrie du C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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