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STERLING CHARLES (1901-1991)

Né le 5 septembre 1901 à Varsovie (Pologne), Charles Sterling obtient tout d'abord une licence en droit, formation commune à beaucoup d'historiens d'art de sa génération. Il s'intéresse très tôt à la peinture, développant peu à peu ses intuitions de connaisseur. On rapporte qu'il identifia très jeune un dessin ancien appartenant à l'historien d'art Louis Grodecki. Ignorant les barrières linguistiques — Charles Sterling parlait le français, l'anglais, l'allemand et le russe —, il explore plusieurs pays afin de trouver l'université qui lui dispensera le meilleur enseignement, la meilleure formation en histoire de l'art. Il choisit la France où l'École du Louvre lui paraît être une institution garantissant un contact direct avec les œuvres d'art ; il perçoit surtout la valeur de l'enseignement d'Henri Focillon qui restera toujours pour lui l'exemple à suivre. Dès 1930, il est nommé chargé de mission au musée du Louvre. Jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il se consacre à l'étude de l'art français du xviiie siècle, période de l'histoire de l'art jusqu'alors négligée par les historiens. L'expositionLes Peintres de la réalité en France au XVIIe siècle s'ouvre à l'Orangerie en 1934, accompagnée d'un catalogue dont Charles Sterling rédigea l'introduction. Paul Jamot, alors directeur du musée du Louvre et qui avait reconnu immédiatement les mérites de son jeune conservateur, en signa la Préface. Cette exposition révéla au public un aspect méconnu, presque inconnu, de la peinture de cette époque ; elle marqua surtout le départ d'études postérieures sur les peintres caravagistes, les frères Le Nain, et sur Jean Jouvenet.

L'exposition de 1937, Chefs-d'œuvre de l'art français, après French Art 1200-1900 présentée à la Royal Academy of Arts à Londres en 1932, fut pour Charles Sterling l'occasion d'attirer l'attention du public sur un autre chapitre de l'histoire de la peinture française, les xive et xve siècles, qui n'avait fait l'objet d'aucune synthèse depuis l'exposition consacrée aux Primitifs français au Louvre et à la Bibliothèque nationale en 1904. Très rapidement, il rédigea un ouvrage dans lequel il fait apparaître, par un jeu de comparaisons très étendues, la physionomie de l'art de chaque région ; il met en évidence d'une façon scientifique l'apport de chacune des régions à l'art français. Élaborée il y a plus de cinquante ans, cette classification fait toujours autorité. En 1941, Charles Sterling compléta ses recherches par la publication, sous le pseudonyme de Charles Jacques, d'un livre admirablement illustré. Cet ouvrage, intitulé Les Peintres du Moyen Âge, répertorie tous les tableaux connus du xive et du xve siècle, y compris ceux qui avaient été abusivement attribués à la peinture française.

En 1942, privé de ses fonctions par le gouvernement de Vichy, Charles Sterling s'installe à New York et travaille comme Senior Research Fellow au Metropolitan Museum. Il établit le catalogue des peintures françaises du musée, puis élargit rapidement son champ d'action. Après un court passage à Columbia University, il fut nommé professeur titulaire à l'Institute of Fine Arts de l'université de New York, où il enseigna jusqu'en 1972, formant de nombreux chercheurs. En 1945, il avait retrouvé son poste de conservateur au musée du Louvre, poste qu'il conserva jusqu'en 1968.

Charles Sterling avait une fabuleuse mémoire visuelle. Ses connaissances très étendues lui permettaient en outre de traiter chaque sujet dans son ensemble. Ainsi a-t-il pu écrire, en 1959, La Nature morte de l'Antiquité au XXe siècle, livre fondamental, plusieurs fois réédité (nouv.[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur honoraire d'histoire de l'art, universités de Montréal et de Tours

Classification

Autres références

  • BARTHÉLEMY D'EYCK Maître du roi René (vers 1415/1419-apr. 1472)

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    De la même époque date un document redécouvert grâce à la ténacité de Charles Sterling : le 19 février 1444, Barthélemy d'Eyck et Enguerrand Quarton sont mentionnés comme témoins dans un acte notarié à Aix. Un autre peintre, Bordier, est mentionné, qui achetait de l'étain servant à la fabrication des...
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    ...(notamment Robert Campin, alias le Maître de Flémalle), et dont l'influence sera déterminante sur un grand connaisseur de la peinture française, Charles Sterling. Les études de ce dernier, comme celles du connaisseur italien Federico Zeri, ont montré la nécessité, d'une part, de faire converger...