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TRENET CHARLES (1913-2001)

Charles Trenet est né à Narbonne en 1913. C'est à Perpignan qu'il s'agrège au groupe littéraire du Coq catalan réuni par Albert Bausil. Il n'a que treize ans, mais ses parents sont de grands amateurs de musique. En rejoignant sa mère à Berlin deux ans plus tard, il s'engage dans une deuxième expérience artistique : l'école qu'il fréquente lui donne la chance de côtoyer le peintre Fernand Léger, les musiciens Kurt Weill et George Gershwin, Fats Waller aussi.

En 1930, Charles Trenet monte à Paris, mais abandonne vite l'école des arts décoratifs dont il devait suivre les cours. Son goût pour la peinture, néanmoins, ne se démentira jamais. Le réalisateur Jacques de Baroncelli l'engage comme assistant-metteur en scène. Il écrit des romans, et Léautaud publie un de ses poèmes au Mercure de France. Intégré à la bohème de Montparnasse, il fréquente Jean Cocteau et plus encore Max Jacob. Il commence sa carrière de chanteur-compositeur en duo avec le pianiste Johnny Hess dans un club de jazz, à une époque où les duos artistiques, comme Pills et Tabet ou Mireille et Jean Nohain, sont particulièrement goûtés du public. Les débuts sont difficiles. Le succès viendra quand Fréhel ou Jean Sablon créeront certaines de leurs chansons (Rendez-vous sous la pluie et Vous qui passez sans me voir pour le second). Trenet rencontre Mireille, l'éditeur musical Raoul Breton et son épouse. Il peaufine ses thèmes de prédilection : les vacances, les beaux jours, le dimanche – autant de motifs brodés sur le gentil péché de la paresse souriante, qui pourraient évoquer l'atmosphère d'un Front populaire auquel on aurait brutalement retiré sa dimension politique. Lors de son service militaire, il écrit Je chante et Y'a d'la joie. Tandis qu'il commence une carrière en solo, le „fou chantant“, qui allie un timbre de voix singulier au sens de la mélodie et du rythme, a en outre le plaisir d'entendre ses chansons interprétées par des vedettes consacrées comme Maurice Chevalier.

Mobilisé pendant la „drôle de guerre“, Charles Trenet participe au Théâtre aux armées. Quand l'État français lui demande de faire la preuve qu'il n'est pas juif, il obtempère de bonne grâce et poursuit sa carrière artistique dans la France occupée, ou même en Allemagne. Il compose La Romance de Paris, Douce France ou La Mer, appelés à devenir les succès que l'on sait, et dont les paroles en disent long sur les clichés poétiques dont avait besoin un pays humilié et meurtri. Mais il serait injurieux de voir en lui un collaborateur : emprunter leur swing à ceux que les fascistes appellent des „Nègres convulsifs“, faire le „zazou“ à un moment où les „zazouades“ ont conduit des gens en camp de concentration, voilà qui n'évoque guère la Milice ou les éditoriaux de Je suis partout. En 1951, il écrira L'Âme des poètes à la mémoire de Max Jacob mort six ans plus tôt au camp de Drancy.

À la Libération, Charles Trenet part pour les États-Unis et le Québec. Il rencontre Ellington, Armstrong et Chaplin, avant de rentrer en France en 1951. Loin de la mode existentialiste, il crée Route nationale 7, À la porte du garage, Moi j'aime le music-hall, et bien d'autres chansons marquées par la fantaisie gentille et la bonne humeur un peu folle qui avaient déjà sauvé des films médiocres comme La Route enchantée (1938) ou Romance de Paris (1941). Empreints de mélancolie, ces textes n'en imposent pas moins la force de la joie de vivre et la légèreté d'une poésie comme antidotes au désespoir. Le Jardin extraordinaire traduit encore cette fantaisie. Mais les années 1960 connaissent l'invasion des rythmes américains et des „yéyés“ qui enterrent le swing cher à Trenet. L'auteur-compositeur se replie sur la peinture et le roman. Sa carrière devient plus chaotique[...]

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