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CHARLES XII (1682-1718) roi de Suède (1697-1718)

Charles XII - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Charles XII

Charles  XII porta d'abord la Suède-Finlande à son plus haut degré de puissance, pour la précipiter ensuite dans la décadence. Il infléchit vers un despotisme à l'orientale l'absolutisme qu'avait institué son père, Charles XI, dans ce pays traditionnellement attaché à ses libertés : il épuisa toutes les ressources de l'État suédois dans un effort désespéré pour conserver l'empire baltique fondé par Gustave Adolphe.

La Suède à l'avènement de Charles XII

Élevé dans les camps par son père, il s'enthousiasma à la lecture de récits et de contes guerriers, telles la Vie d'Alexandre de Quinte-Curce et les sagas scandinaves, ainsi qu'au souvenir de l'épopée du Grand Gustave et de ses capitaines pendant la guerre de Trente Ans. Rêvant de devenir un héros à son tour, il chercha la gloire dans la carrière des armes, la plus prestigieuse dans cette société fondée sur la race et l'épée. Il s'adonnait avec violence à tous les exercices physiques, à la chasse à l'ours, afin de se forger ainsi le corps d'un paladin du Nord, insensible aux intempéries, et acquérir un stoïcisme à l'antique. D'une nature renfermée et secrète, il ne se confiait à personne ; chez ce luthérien à la foi profonde, le dogme de la prédestination renforçait la croyance en un destin d'exception.

En avril 1697, il héritait d'un vaste empire circumbaltique, avec l'embouchure des grands fleuves allemands et une ouverture par Brême sur la mer du Nord. La puissance de la Suède, pays relativement pauvre en ressources et en hommes (1 500 000 habitants, Finlande comprise), reposait sur le monopole du cuivre et surtout du fer qu'elle détenait en Europe, sur le rôle commercial de la Baltique ainsi que sur les produits forestiers indispensables aux constructions navales. L'industrie métallurgique du Berslag alimentait ses armements. Les grains de Livonie et de Scanie suffisaient à sa consommation et fournissaient même, parfois, un surplus négociable. L'année 1697 fut pourtant marquée par des famines et des épidémies. Depuis 1680 environ, la Suède avait, par les mesures dites de la réduction des biens, reconstitué le patrimoine territorial de la Couronne et rétabli dans leur statut économique et social les paysans libres et propriétaires, élément indispensable à l'équilibre des quatre ordres représentés à la Diète. Sur les terres de la Couronne reprises à la noblesse, la monarchie des Vasa avait pu cantonner les troupes de milice – 55 000 soldats-paysans – fournies par la levée dans les villages du dixième des paysans et entretenues par eux. Cette armée territoriale et nationale, l'indelta, formait des unités provinciales disposées autour des terres des officiers. En revanche, les forteresses étaient gardées par des mercenaires. Au début du règne, 80 p. 100 des officiers étaient issus de la noblesse ancienne ou anoblis par le service du roi. De même, la majorité des fonctionnaires, en particulier dans les hauts emplois, appartenaient à la noblesse ; mais déjà les nouveaux nobles, les universitaires formés à Upsal, à Abo, à Dorpat, à Greifswald se hissaient jusqu'aux postes de responsabilité. Près de la moitié des maîtres de forges étaient nobles ou anoblis et les armateurs en voie de le devenir.

Conseillé par Piper, Charles XII dut renouveler les traités qui unissaient la Suède aux puissances maritimes, grands intermédiaires du commerce baltique qu'il était expédient de ménager ; puis il contracta une nouvelle alliance avec Louis XIV, la monarchie suédoise, toujours nécessiteuse, ne pouvant se passer des subsides de Versailles. Mais le mariage de sa sœur aînée, Hedwige-Sophie, avec le duc de Holstein-Gottorp, en 1699, ranimait le vieux différend dynastique avec le Danemark et augurait ainsi de longues difficultés ultérieures.[...]

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