PERKINS CHARLOTTE ANNA GILMAN (1860-1935)
Féministe, conférencière, écrivain et éditrice, Charlotte Perkins Gilman fut l'une des principales théoriciennes du mouvement féministe aux États-Unis. Née le 3 juillet 1860 à Hartford, dans le Connecticut, Charlotte Anna Perkins grandit dans la pauvreté, son père ayant complètement abandonné sa famille. Malgré une éducation décousue et limitée, elle fréquente un court instant l'école de dessin de Rhode Island. En mai 1884, elle épouse un artiste du nom de Charles W. Stetson. La jeune femme se révèle bientôt complètement inapte à la routine domestique et, après un an de mariage, devient mélancolique, état qui finit par provoquer une véritable dépression nerveuse. Le séjour qu'elle effectue en Californie en 1885 améliore cependant quelque peu la situation ; ainsi décide-t-elle, trois ans plus tard, de partir s'installer avec sa fille, encore très jeune, à Pasadena. Divorcée en 1894, elle profite du fait que son ancien époux se remarie rapidement à une de ses amies proches pour envoyer leur fille vivre dans ce nouveau foyer. L'affaire scandalise l'opinion publique.
Après son installation en Californie, Charlotte Perkins se met à écrire des poèmes et des récits pour divers périodiques, comme la nouvelle « The Yellow Wall-Paper » (d'abord traduite sous le titre « Le Papier peint jaune », puis sous celui de « La Séquestrée »), publiée dans The New England Magazine en janvier 1892. Ce texte se distingue par la description frappante de réalisme que le narrateur, à la première personne, fait de la dépression nerveuse d'une jeune femme dorlotée par son mari sur le plan physique mais complètement privée d'affection. En 1893, Charlotte Perkins signe un recueil de poésie intitulé In This Our World. Après avoir déménagé à San Francisco, elle assure pendant quelque temps, en 1894, avec Helen Campbell, la rédaction de la revue Impress, organe de la Pacific Coast Woman's Press Association. Elle se fait également connaître par les conférences qu'elle donne au début des années 1890 sur des thèmes de société tels que le travail, l'éthique et le rôle de la femme. Après un bref séjour en 1895 dans l'établissement Hull House fondé par Jane Addams à Chicago, elle passe cinq années à exercer son activité de conférencière à travers les pays. En 1896, Charlotte Perkins assiste, en tant que déléguée, au congrès de la IIe Internationale à Londres, où elle rencontre George Bernard Shaw, Beatrice et Sidney Webb et bien d'autres chefs de file du mouvement socialiste.
En 1898, elle publie Women and Economics, manifeste qui attire l'attention de nombreux lecteurs et sera traduit en sept langues. Lançant un appel radical en faveur de l'indépendance économique des femmes, elle analyse avec beaucoup d'intelligence la plupart des conventions romantiques qui entourent les concepts contemporains sur la féminité et la maternité. Son désir de redéfinir les tâches domestiques et l'éducation des enfants comme des responsabilités sociales devant être confiées aux personnes les plus aptes et les mieux formées à cette fin transparaît déjà dans son intérêt précoce pour les clubs nationalistes prônés par Edward Bellamy. Charlotte Perkins développe davantage ces idées contemporaines dans Concerning Children (1900) et The Home, its work and influence (1903). En juin 1900, elle épouse l'un de ses cousins, George H. Gilman, avec lequel elle vivra à New York jusqu'en 1922. Human Work (1904) approfondit l'argumentation présentée dans Women and Economics. Parmi les ouvrages ultérieurs de Charlotte Perkins Gilman, citons d'abord What Diantha Did (1910) et The Man-Made World (1911), dans lequel elle détaille les vertus et les vices caractéristiques des hommes et des femmes et attribue les maux de la société à la domination masculine. Elle publie[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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