PERRIAND CHARLOTTE (1903-1999)
L'aménagement intérieur
En 1938, Charlotte Perriand conçoit le bureau de Jean-Richard Bloch, le rédacteur en chef du journal Ce Soir. Cette pièce unique est spécifiquement adaptée aux exigences professionnelles et à un espace défini.
Invitée en 1940 par le ministère impérial du Commerce et de l'Industrie du Japon comme conseillère de la production industrielle, elle part pour Tōkyō, où elle réside plusieurs mois. Elle y organise l'exposition Tradition, sélection, création (Tōkyō-Ōsaka, printemps 1941), afin de montrer comment la production japonaise peut s'adapter aux usages occidentaux. L'entrée en guerre du Japon en 1941 l'empêche de regagner la France. Elle rédige avec Junzo Sakakura le livreContact avec le Japon (1942), avant de s'installer en Indochine (1943-1946).
De retour à Paris, Charlotte Perriand participe, avec Paul Nelson, à l'Exposition internationale de l'urbanisme et de l'habitation (1947) et réalise, pour lui, l'équipement des chambres de l'hôpital de Saint-Lô (1947-1956). Au cours des années 1940-1950, elle participe à la fondation du mouvement Formes utiles (1949) au sein de l'U.A.M. et fait breveter avec Jean Borot un bloc sanitaire.
Elle collabore également avec Le Corbusier à l'aménagement intérieur de l'unité d'habitation, la Cité radieuse, de Marseille (1947-1952), où elle poursuit ses recherches sur la normalisation des éléments de rangement et réalise une cuisine intégrée. À la Maison du Brésil à la Cité universitaire de Paris (avec Lucio Costa, 1959), elle imagine du mobilier multifonction : un mobilier bibliothèque-tableau noir, une armoire-penderie-meuble écran et un lit-banquette. Puis, avec Guy Lagneau, Michel Weill, Jean Dimitrijevic et Jean Prouvé, elle réalise les équipements collectifs de la Maison de l'étudiant de la Cité universitaire à Paris, la Maison de la Tunisie (avec Jean Sebag, 1952), la Maison du Mexique (avec Jorge et Roberto Medellin, 1953), où elle installe notamment des bibliothèques conçues comme des étagères aux portes coulissantes. Elle poursuit avec l'hôtel de France à Conakry (1953) et la Maison du Sahara (1958), où elle concrétise son travail sur l'organisation rationnelle.
À Londres, elle aménage l'agence Air France (avec P. Bradok, 1957) et l'office du tourisme français (avec Ernö Goldfinger, 1960). De 1956 jusqu'à sa fermeture en 1974, la galerie Steph Simon à Paris édite les modèles qu'elle crée avec Jean Prouvé. Elle y présente notamment son mobilier en bois massif, ses Bibliothèques-plots et des éléments standardisés pouvant être vendus séparément (plots métalliques, tiges filetées, tiroirs en plastique) et que le client peut librement aménager en bibliothèque, placard ou buffet, selon le slogan « Composez-le vous-même ». Ce sont ces éléments qu'elle appelle sa « quincaillerie ». Seuls les tiroirs-casiers en plastique moulé rencontrent un succès commercial et font l'objet d'une production en série.
De 1967 à 1989, elle participe à la conception de la station de sports d'hiver sans voitures des Arcs (avec l'Atelier d'architecture en montagne de Chambéry), où la protection de la nature et du site est primordiale. Cette réalisation concrétise l'aboutissement de ses recherches sur l'habitat collectif et l'aménagement intérieur. Afin de donner une cohérence au complexe, Charlotte Perriand intervient tant au niveau de l'urbanisme que de l'équipement des appartements avec des éléments normalisés.
Charlotte Perriand a contribué à la définition d'une modernité riche de significations, où la leçon de la tradition se mêle à la culture industrielle. Partant des besoins et des gestes, elle intègre la fonctionnalité des objets dans une poétique des usages et des matériaux. Le Chalet de Méribel-les-Allues, en[...]
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Écrit par
- Joseph ABRAM : architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy, chercheur au Laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
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