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GAUL CHARLY (1932-2005)

Coureur cycliste luxembourgeois né le 8 décembre 1932 à Esch-sur-Alzette. Ancien garçon boucher, Charly Gaul fait ses débuts de cycliste professionnel en 1953, au sein de l'équipe Terrot ; cette même année, il se fait connaître en France lors du Circuit des six provinces, une épreuve réservée aux jeunes où ses talents en montagne s'affirment. Il débute dans le Tour de France en 1954, au sein de la formation Luxembourg-Autriche. La formule des équipes nationales sur la Grande Boucle le pénalisera lourdement : en tant que Luxembourgeois, il participera à l'épreuve isolé au sein d'équipes mixtes, quand les meilleurs Français, Italiens ou Belges pourront s'appuyer sur des coéquipiers de valeur. Il remporte en 1955 son premier grand succès, le Tour des provinces du Sud-Est ; la même année, il se classe troisième du Tour de France, à 11 min 30 s de Louison Bobet : il a remporté deux étapes et est sacré meilleur grimpeur de l'épreuve.

C'est sans doute en 1956, lors du Giro, qu'il accomplit son plus grand exploit. Le 8 juin, au matin de l'étape de 242 kilomètres qui mène de Merano vers Monte Bondone, dans le Trentin, Charly Gaul occupe la vingt-quatrième place du classement général, à 16 minutes du leader, l'Italien Pasquale Fornara. Malgré la neige et une température de — 10 0C, Gaul « avale » les 14 kilomètres de la montée finale quand tous ses adversaires sont à la dérive : le deuxième, Alessandro Fantini, lui concède 7 min 46 s, le troisième, Fiorenzo Magni, est à 12 min 15 s ; Fornara a abandonné. Gaul, bouffi par le froid, est évacué par les chasseurs alpins. Mais il a remporté le Giro et il est devenu l'« Ange de la montagne ».

Charly Gaul entre définitivement dans l'histoire du cyclisme le 16 juillet 1958. Raphaël Geminiani porte le maillot jaune de leader du Tour de France et pense pouvoir enfin remporter la Grande Boucle. Pour ce faire, le « Grand Fusil » doit encore maîtriser l'Italien Vito Favero et se méfier de Jacques Anquetil ; Gaul, rejeté à 16 minutes, semble réduit à un rôle de faire-valoir. Mais, entre Briançon et Aix-les-Bains (219 km), la pluie s'est invitée. Charly Gaul, particulièrement à l'aise dans ces conditions difficiles, attaque dans le Luitel et traverse la Chartreuse imperturbable sous l'averse, quand ses concurrents connaissent tous la défaillance. À l'arrivée, il précède le Belge Jan Adriaenssens de 7 min 50 s ; Geminiani est rejeté à près d'un quart d'heure, Anquetil à 23 minutes. Favero endosse certes le maillot jaune, mais Gaul ne compte qu'1 min 7 s de retard. Il assure sa victoire dans la Grande Boucle à l'occasion du contre-la-montre Besançon-Dijon.

En 1959, il remporte de nouveau le Giro : dans le col du Petit-Saint-Bernard, il distance Jacques Anquetil, maillot rose, qui perd près de 10 minutes en 18 kilomètres. Jusqu'en 1961, Charly Gaul réussira encore quelques performances (troisième du Giro en 1960, quatrième en 1961 ; troisième du Tour en 1961). Il met un terme à sa carrière en 1965. Charly Gaul succombe à une embolie pulmonaire le 6 décembre 2005.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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