CHARTE DE L'ENVIRONNEMENT
Les enjeux politiques et sociaux
Alors que l'idée de la constitutionnalisation du droit de l'environnement apparaissait soutenue par l'ensemble des mouvements politiques, les débats auxquels la Charte donna lieu démontrèrent des clivages importants et, pour tout dire, insoupçonnés. Alors que la droite parlementaire est souvent plus réticente vis-à-vis des problématiques environnementales et bien que le Medef eût engagé un profond lobbying, l'UMP (Union pour la majorité présidentielle, qui deviendra quelques mois plus tard l’Union pour un mouvement populaire puis, en 2015, Les Républicains) se prononça très majoritairement pour la Charte. Les socialistes, les communistes et les Verts s'abstinrent, refusant de soutenir le texte au motif qu'il n'allait pas assez loin. Le projet fut voté à l'Assemblée nationale sans difficulté par 328 députés (10 contre et 194 abstentions) puis par 172 sénateurs (92 contre et 47 abstentions). La perspective de créer à droite un réel mouvement écologique n'est pas totalement étrangère à cette situation.
Toutefois, et même si la concertation fut large et la participation des citoyens importante lors des quatorze assises régionales qui accompagnèrent notamment les travaux de la commission Coppens, le grand public se désintéressa massivement d'un sujet sur lequel il n'avait pas de prise directe. Certes, les Français pouvaient réclamer à 62 % (sondage CSA, décembre 2003) l'inscription de la Charte dans la Constitution mais, dans le même temps, 74 % n'avaient jamais entendu parler du projet avant le sondage et, sur les 26 % restants, qui donc en avaient « entendu parler », 76 % s'estimèrent mal informés. Bien que pouvant être d'une portée majeure pour l'avenir, le projet fut principalement médiatisé sous l'angle du débat d'experts et des controverses juridiques ou techniques, sans intérêt marqué du public.
Pour que la Charte soit définitivement adoptée et constitutionnalisée, le président de la République avait décidé de la soumettre au Congrès. Il n'avait pas souhaité emprunter la voie du référendum qui aurait présenté l'attrait d'être en conformité avec l'esprit de la Charte, notamment en ce qu'elle prône la participation du public à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement.
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Écrit par
- Thierry LIBAERT : professeur des Universités, conseiller au Comité économique et social européen, président de l'Académie des controverses et de la communication sensible
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