PAVIE CHARTREUSE DE
Fondée en 1396 par Jean Galeas Visconti, seigneur de Milan, la chartreuse de Pavie est le monument le plus important et le plus significatif de la première renaissance lombarde. L'église, construite en brique, présente un curieux mélange de traditions gothiques et de formes nouvelles. Sa tour lanterne est particulièrement originale. Mais la partie la plus célèbre est la façade de marbre commencée en 1473 par Giovanni Solari, et à laquelle on travailla jusqu'en 1560. La partie inférieure, exécutée avant 1499, est l'œuvre des plus grands sculpteurs lombards de la fin du xve siècle : Amadeo (fenêtres), Mantegazza (médaillons), Gian Cristoforo Romano et Benedetto Briosco (portail central). Ce fastueux morceau d'architecture et de sculpture est en général considéré comme l'une des sources où les ornemanistes de la première renaissance française vinrent puiser, directement ou indirectement, leur inspiration. On y trouve, en effet, les médaillons à l'antique, les pilastres ornés de rinceaux ou de « candélabres » et tout le vocabulaire décoratif qui s'épanouira plus tard à Gaillon et à Blois. Comme toutes les chartreuses, celle de Pavie est pourvue de deux cloîtres, richement décorés de sculptures en terre cuite : le « petit cloître » serait l'œuvre de Guiniforte Solari. Mantegazza, Amadeo et Giovanni da Cairate auraient travaillé au « grand cloître ». Dans le croisillon sud de l'église s'élève le tombeau de Jean Galeas Visconti, dû principalement à Gian Cristoforo Romano (1497) ; par sa structure (édicule quadrangulaire isolé) comme par sa conception (héroïsation du défunt), il marque une rupture avec les tombeaux médiévaux et préfigure les grands monuments funéraires de la Renaissance (projets de Michel-Ange pour le tombeau de Jules II ; sépultures des Valois à Saint-Denis).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
Classification
Autres références
-
AMADEO GIOVANNI ANTONIO (1447 env.-env. 1522)
- Écrit par Catherine CHAGNEAU
- 102 mots
Sculpteur et architecte, sensible à l'exemple de Filarète, Amadeo adapta la tradition décorative lombarde au répertoire de la Renaissancetoscane. Il construisit la chapelle du Colleone à Bergame (1470) et succéda à Giovanni Solari à la direction des travaux du Duomo et de l'Ospedale Maggiore...
-
BERGOGNONE ou BORGOGNONE AMBROGIO DA FOSSANO dit (1450-1523)
- Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
- 300 mots
Le nom de Bergognone apparaît pour la première fois, en 1481, sur une liste d'immatriculation d'artistes milanais, ce qui permet de supposer qu'il dirigeait alors un atelier, mais on ignore quels avaient été ses maîtres. Sa première œuvre signée et datée, La Crucifixion...
-
CLOÎTRES
- Écrit par Léon PRESSOUYRE
- 5 514 mots
- 3 médias
...ses formes, ses rythmes et son décor s'insèrent dans les courants généraux de l'histoire de l'architecture. Les cloîtres splendides de la chartreuse de Pavie sont des témoins de la Renaissance milanaise et non l'expression d'une éthique propre à un ordre monastique. La pensée de Bramante... -
SOLARI LES
- Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
- 708 mots
- 2 médias
Famille d'artistes italiens. On ignore quels furent les débuts de Cristoforo Solari dit il Gobbo (actif de 1489 à 1520), sculpteur et architecte, frère aîné du peintre Andrea Solario. En 1489, il est à Venise, travaillant à l'autel de la chapelle Saint-Jean (détruit) dans l'église...