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CHARTREUX

Le « désert » et l'organisation des chartreuses

Dans aucun ordre religieux, le cadre n'a une importance aussi grande que chez les Chartreux. À la Grande-Chartreuse, comme dans toutes les anciennes maisons de l'ordre, les moines constituèrent, avec une inlassable persévérance, le « désert », une des caractéristiques de leur organisation primitive.

Autour du vaste domaine qu'ils désiraient occuper, les Chartreux traçaient des limites, à l'intérieur desquelles ils revendiquaient le privilège exclusif de racheter toutes les terres, en restreignant dès le principe les droits des propriétaires ; ils s'engageaient, en revanche, à ne rien acquérir hors de ces limites. Le domaine ainsi constitué, appelé désert, était situé de préférence au fond d'une vallée. Par un défilé, facile à barrer, on accédait à une clairière, où s'élevait la « maison basse », appelée aussi correrie ; y résidaient les frères, agriculteurs et artisans ; plus loin se trouvait la « maison haute », le monastère proprement dit, habité par les pères, qui assuraient le grand office liturgique, et dont l'occupation matérielle essentielle était l'étude et la copie des livres. Les premières chartreuses se trouvant toutes dans les montagnes, ce schéma fut parfaitement respecté ; quand, par la suite, des maisons furent fondées dans des plaines ou aux abords des villes, le plan de l'ensemble fut moins systématique, mais l'isolement resta sauvegardé et chaque père eut toujours sa « cellule » individuelle, véritable petite maison comprenant au rez-de-chaussée bûcher et atelier, au premier étage deux pièces ; la première, dite de l'Ave Maria, servait de cuisine aux temps lointains où chacun préparait sa nourriture (coutume abolie en 1276) ; dans l'autre, le chartreux résidait habituellement pour prier, lire, manger et dormir. À chaque cellule est joint un jardin que chacun entretient et une petite galerie qui permet de prendre quelque exercice par mauvais temps

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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<it>Saint Hugues au réfectoire des chartreux</it>, F. Zurbaran - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Saint Hugues au réfectoire des chartreux, F. Zurbaran

Autres références

  • ABBAYE

    • Écrit par
    • 4 563 mots
    • 3 médias
    Après ces deux ordres assez rapidement touchés par la décadence, celui des chartreux est le seul qui n'ait jamais été réformé, le seul auquel d'autres religieux peuvent, sans en demander l'autorisation, passer, comme au plus parfait. Fondé par Bruno, célèbre maître des écoles de...
  • ANTHELME DE CHIGNIN saint (1107-1178)

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    • 210 mots

    Né en 1107 au château de Chignin en Savoie, Anthelme, encore jeune, cumula les dignités ecclésiastiques à Genève et à Belley. Au cours d'une visite à la chartreuse de Portes, il changea subitement d'orientation et prit l'habit de chartreux. En 1137, encore novice, il fut nommé...

  • BRUNO saint (1030 env.-1101)

    • Écrit par
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    Fondateur de l'ordre des Chartreux, né à Cologne, où, jeune encore, il devint chanoine de Saint-Cunibert. Venu à Reims pour étudier, Bruno fut nommé écolâtre vers 1056. De son enseignement fort apprécié on ne connaît que des commentaires des Psaumes et des Épîtres de saint Paul...

  • CAMALDULES

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    Membres d'un ordre religieux qui eut pour origine la fondation d'un ermitage à Camaldoli, dans la haute vallée de l'Arno, en Toscane, vers 1023, et qui constitue une des plus durables réalisations, avec la Chartreuse et Grandmont, du puissant courant érémitique dont les manifestations furent nombreuses...

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