CHASSE À LA BALEINE
Après plusieurs siècles d'exploitation – dont un siècle de chasse industrielle qui a décimé certaines espèces –, suivis de plus de vingt ans de moratoire (depuis 1986), les baleines restent dans les opinions publiques occidentales le symbole des espèces menacées tandis que les pays chasseurs considèrent qu'elles sont aujourd'hui redevenues abondantes.
La gestion et la conservation des baleines fait l'objet des travaux de la Commission baleinière internationale (C.B.I. ; en anglais I.W.C. pour International Whaling Commission), qui, après plus de soixante ans d'existence, est en pleine tourmente. L'opposition entre les pays conservateurs et les pays chasseurs est à son paroxysme et menace l'existence même de la Commission. Comment en est-on arrivé là ? Les mesures de protection prises par la C.B.I. sont-elles efficaces ? Peut-on et faut-il reprendre la chasse à la baleine ? Quel avenir pour les populations de baleines ? Ce débat international – qui mêle conservation de la biodiversité, pêche industrielle et diplomatie – figure parmi les questions environnementales les plus polémiques de notre époque.
Bref historique
En dépit de leur grande taille, les baleines sont chassées depuis des millénaires. Les traces les plus anciennes de cette activité sont les gravures rupestres du site de Bangu-dae (actuelle Corée du Sud), datées de — 6000 à — 1000 av. J.-C. Ces pétroglyphes – représentant, entre autres, des canots transportant de cinq à dix chasseurs munis de harpons, filets et flotteurs – montrent sans conteste des scènes de chasse aux mysticètes (baleines à fanons) et au cachalot (appartenant au groupe des baleines à dents ou odontocètes). Les espèces ciblées étaient les plus lentes (baleine franche du Pacifique nord, baleine grise, baleine à bosse). Chassées non loin des côtes, elles devaient être très abondantes à cette époque, en particulier durant la reproduction hivernale. En Europe du nord (Norvège), des gravures rupestres de chasse aux cétacés, datant de l'Âge du bronze sont aussi répertoriées, mais celles-ci concernent essentiellement les petits cétacés (marsouins et dauphins).
Les Basques et les baleines franches
Les Basques sont les premiers chasseurs de baleines réguliers en Atlantique nord. Ils exploitèrent, à partir du xie siècle – et peut-être avant –, la baleine franche (right whale en anglais), encore appelée la baleine des Basques. Cette activité se déroulait au large des côtes de Biarritz, Hendaye, Anglet et Saint-Jean-de-Luz puis, plus tard, à partir du Pays basque espagnol. Les chasseurs ciblaient les femelles et leurs petits qui fréquentaient ces eaux tempérées lors de la période de reproduction hivernale. Les petits étaient d'abord capturés, ce qui permettait de s'attaquer ensuite aux femelles qui, chez cette espèce, se montrent très attachées à leur progéniture. La chasse était menée au harpon à partir de petites embarcations à rames pouvant emporter de 10 à 12 personnes. Un flotteur fixé à une ligne attachée au harpon permettait de repérer l'animal harponné pour l'achever à la lance lors de sa remontée en surface. Les baleines franches, nageant lentement et flottant après leur mort, constituaient des cibles idéales pour les moyens nautiques de l'époque. Elles étaient ensuite remorquées jusqu'au rivage. Bien que l'on ne dispose pas de données précises, le nombre d'individus capturés annuellement est estimé de quelques dizaines à une centaine. Le petit stock exploité, qui devait être une fraction relativement isolée de la population de baleines franches de l'Atlantique nord, a peu a peu décliné sous l'effet de ces prélèvements modestes mais réguliers. Une autre hypothèse est que ces baleines, connues pour leur plasticité adaptative, ont fini par éviter ces zones dangereuses pour leur reproduction en se déplaçant vers l'ouest le long du Pays basque espagnol. L'exploitation[...]
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Écrit par
- Jean-Benoît CHARRASSIN : docteur en sciences, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, membre de la délégation française de la Commission baleinière internationale
- Vincent RIDOUX : professeur à l'université de La Rochelle, directeur du centre de recherche sur les mammifères marins à l'université de La Rochelle
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