CHASSE À LA BALEINE
La C.B.I.
Rôle et fonctionnement
En 1946, les principaux pays baleiniers signèrent la Convention internationale pour la régulation de la chasse à la baleine et créèrent la C.B.I. Cette signature faisait suite à la Convention pour la régulation de la chasse à la baleine, conclue en 1931, qui aboutit à la protection totale de la baleine franche australe et de la baleine grise, mais que n'avaient pas signée l'U.R.S.S. et le Japon, les deux plus grands pays baleiniers.
La C.B.I. a pour objectif « d'assurer le développement ordonné de l'industrie baleinière et la conservation de l'espèce baleinière ». Elle gère uniquement les quotas de chasse aux grands cétacés, soit dix espèces de baleines à fanons et deux espèces de baleines à dents (le cachalot et l'hyperoodon boréal). Un groupe de travail étudie aussi les petits cétacés mais il n'émet pas de conseils de gestion pour ces espèces. La Commission est conseillée par un comité scientifique qui émet des recommandations. La Commission, constituée essentiellement de diplomates, vote les décisions avec une voix par pays, éclairée par les travaux du comité scientifique. Tout pays reconnu par les Nations unies peut adhérer à la C.B.I. moyennant le payement d'une cotisation annuelle.
Deux règles sont essentielles et expliquent la situation de blocage observée actuellement au sein de la C.B.I. :
– les décisions importantes sont votées à la majorité qualifiée (trois quarts des voix) ;
– un pays membre peut émettre une « objection » à une décision de la C.B.I. qu'il n'approuve pas, et n'être donc pas lié par cette dernière.
Enfin, la C.B.I. ne dispose pas vraiment de moyens pour faire appliquer ses décisions.
En novembre 2009, la C.B.I. était composée de 88 pays formant deux groupes opposés d'égale importance : les pays protecteurs, regroupant la plupart des pays anglophones – dont l'Afrique du Sud et le Kenya, et à l'exception du Canada –, les pays de l'Union européenne (sauf le Danemark) et d'Amérique du Sud, l'Inde et quelques autres nations ; les pays chasseurs, menés par le Japon et comprenant certains pays asiatiques, de nombreux pays africains, des États insulaires des Caraïbes et du Pacifique, la Russie, la Norvège, l'Islande et le Danemark. Après avoir été un regroupement de pays baleiniers, la C.B.I. s'est transformée en une organisation privilégiant la conservation des baleines, notamment sous la pression de l'opinion publique des années 1970 et 1980 et de certaines O.N.G. qui dénoncèrent les incertitudes sur le statut des baleines et remirent en cause la « moralité » même de la chasse. Cela se traduisit par la « conversion » d'anciens pays baleiniers en pays protecteurs (dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France) et par l'arrivée de nouveaux pays non chasseurs. Une majorité des trois quarts de pays protecteurs fut atteinte pour voter, en 1982, un moratoire général sur la chasse à la baleine, mis en application en 1986 et encore en vigueur aujourd'hui. Depuis cette date, les pays chasseurs cherchent à regagner une majorité qualifiée pour lever ce moratoire et reprendre la chasse.
Principes de gestion
L'objectif de gestion de la C.B.I. (applicable hors période de moratoire) est d'établir des quotas de prises qui permettent pour chaque espèce le plus haut niveau d'exploitation durable. L'approche utilisée depuis 1994 pour établir ces quotas, appelée procédure révisée de gestion ou R.M.P. (Revised Management Procedure), est très sophistiquée et reconnue comme étant le modèle de gestion le plus « conservatif ».
Cela n'a cependant pas toujours été le cas. En effet, les premiers quotas étaient fixés en « Unité Baleine Bleue », un système peu performant en usage jusqu'en 1972. Ce dernier faisait équivaloir une baleine bleue[...]
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Écrit par
- Jean-Benoît CHARRASSIN : docteur en sciences, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, membre de la délégation française de la Commission baleinière internationale
- Vincent RIDOUX : professeur à l'université de La Rochelle, directeur du centre de recherche sur les mammifères marins à l'université de La Rochelle
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