CHASSE À LA BALEINE
Les sujets de controverse
La chasse à la baleine se justifie-t-elle ?
Au-delà des débats propres à la C.B.I., deux visions s'affrontent quant au principe même de la chasse à la baleine. L'argument principal avancé par les pays chasseurs est celui de la sécurité alimentaire. Pour ces derniers, les cétacés représentent une source de protéines comme les autres, strictement comparable aux autres animaux chassés ou pêchés. La sécurité alimentaire serait, selon eux, menacée par l'impact des cétacés sur les ressources marines. Pour le Japon, il existerait une concurrence entre les pêcheries et les prédateurs comme les grandes baleines, que la chasse contribuerait à limiter. Si, outre la volonté de protéger des espèces menacées, les opposants à la chasse font parfois valoir des raisons d'ordre philosophique ou moral pour contester l'idée de tuer des baleines pour leur viande, l'argument de la compétition pour les ressources marines se réfute aisément sur le plan scientifique. En effet, la majorité des espèces de baleines se nourrissent de zooplancton ou de petites espèces de poissons non commercialisées situés à la base de la chaîne alimentaire. Par ailleurs, étant donné la complexité des écosystèmes marins, limiter ou supprimer les cétacés ne garantit en rien une ressource accrue pour les pêcheries. En effet, d'une part, le surplus potentiel sera d'abord utilisé par les autres prédateurs de cette ressource, et, d'autre part, ces derniers pourraient proliférer au détriment de la ressource et, donc, des pêcheries. Ce concept de manipulation des écosystèmes résulte donc d'une simplification extrême de systèmes complexes. Enfin, la chute des populations de baleines par rapport à leurs niveaux de pré-exploitation ne s'est pas traduite par une augmentation des stocks de poissons à l'échelle de l'océan mondial, bien au contraire. C'est en fait la surpêche qui menace les ressources marines, bien plus que les prédateurs (comme les cétacés) qui sont indispensables à l'équilibre des écosystèmes marins.
L'application des quotas et la levée du moratoire à la chasse commerciale
La C.B.I. prévoit un cadre précis, baptisé R.M.S. (Revised Management Scheme), pour l'application des quotas de chasse calculés selon les méthodes de la R.M.P., qui serait mis en œuvre dans l'hypothèse de la reprise de la chasse. Alors que le calcul des quotas est confié au comité scientifique, leur mise en œuvre logistique et la surveillance de leur application sont du ressort de la commission elle-même. Celle-ci doit s'assurer que la gestion est sûre (respect des quotas, signalement de toutes les captures) et qu'il existe un suivi périodique des populations exploitées. Cela implique la présence d'observateurs nationaux et internationaux à bord des navires de chasse, le suivi en temps réel des navires et des prélèvements génétiques (ADN) sur toutes les captures, ainsi que sur les marchés. Ne pouvant être adoptée qu'à la majorité qualifiée, cette procédure ne l'a toujours pas été après une quinzaine d'années de négociations, ce qui constitue un point de blocage majeur de la C.B.I. Pour adopter le R.M.S., les pays protecteurs exigent l'arrêt de la chasse scientifique (ou à défaut l'inclusion des prises de la chasse scientifique dans les quotas), l'impossibilité de faire des objections au R.M.S., la mise en place d'un système d'inspection international financé par les compagnies baleinières et le respect des sanctuaires. À l'opposé de ces mesures visant à rendre la chasse baleinière très contraignante, les pays chasseurs lient l'adoption du R.M.S. à la levée sans condition du moratoire. Aucun progrès n'a été fait sur ce sujet depuis 2007.
La chasse scientifique
Le Japon justifie la chasse scientifique[...]
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Écrit par
- Jean-Benoît CHARRASSIN : docteur en sciences, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, membre de la délégation française de la Commission baleinière internationale
- Vincent RIDOUX : professeur à l'université de La Rochelle, directeur du centre de recherche sur les mammifères marins à l'université de La Rochelle
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