CHASSE À LA BALEINE
Le statut actuel des populations de baleines et leur avenir
L' état de conservation s'évalue à l'échelle d'une population, unité démographiquement homogène, et non à l'échelle de l'espèce. Ainsi on parlera, par exemple, de l'état de conservation du rorqual commun de Méditerranée ou de la baleine à bosse des Caraïbes. Cet état est défini par le rapport entre les effectifs actuels et la capacité de charge (effectifs avant l'exploitation). Plus les effectifs actuels sont proches de la capacité de charge, meilleur est l'état de conservation de cette population.
Les situations sont très diversifiées. Au sein d'une même espèce, on peut observer des états de conservation très différents d'une population à l'autre. Toutes les populations de baleines ne sont pas étudiées avec la même précision et l'état de conservation n'est donc pas toujours connu. Toutefois, lorsque les données existent, on peut distinguer des situations très différentes (cf. tableau).
– Le cas le plus fréquent est celui de populations encore bien inférieures à la capacité de charge mais qui connaissent une croissance soutenue. La baleine franche australe en est le meilleur exemple, avec des stocks de l'Atlantique sud et d'Australie et Nouvelle-Zélande en augmentation régulière de 5 à 10 p. 100 par an (proche du maximum biologiquement possible). Plusieurs stocks de baleines à bosse connaissent la même évolution positive depuis la fin de leur exploitation.
– Quelques populations présentent des effectifs actuels proches de leur capacité de charge. Il s'agit de la baleine du Groenland, au nord du détroit de Béring et entre le Canada et le Groenland, dont les effectifs observés représentent les deux tiers des effectifs de pré-exploitation. De même, la baleine grise le long des côtes américaines, la baleine à bosse dans le secteur sud-ouest de l'océan Indien, le petit rorqual en Atlantique nord ou le rorqual tropical du Pacifique nord sont jugés en bon état de conservation.
– Plusieurs populations restent dans des situations très préoccupantes car, malgré plusieurs décennies de protection légale, elles ne montrent aucun signe mesurable de restauration ou restent à un niveau d'abondance infime par rapport à leurs effectifs de pré-exploitation. Ainsi, les baleines franches et du Groenland dans le nord-est de l'Atlantique sont virtuellement éteintes malgré au moins un siècle d'arrêt de la chasse. La baleine franche de l'Atlantique nord-ouest, la baleine franche du Pacifique nord et la baleine grise du Pacifique nord-ouest sont représentées par des populations réduites à seulement une ou quelques centaines d'individus, soit quelques pour-cent des effectifs initiaux à l'équilibre. En dépit de la protection légale dont elles bénéficient depuis 50 à 80 ans, elles ne montrent aucun signe d'augmentation car elles souffrent de sources de mortalité telles que les collisions avec des navires ou des captures accidentelles qui annulent les bénéfices de l'arrêt de la chasse. Enfin, la plus emblématique des baleines, le rorqual bleu, dont la période d'exploitation maximale remonte aux années 1930, n'est représentée aujourd'hui que par environ 3 p. 100 de ses effectifs d'origine après être passée par un minimum d'abondance à moins de 0,5 p. 100 dans les années 1960.
Dans un grand nombre de cas, les données sont insuffisantes pour évaluer l'état de conservation des populations de baleines. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le statut taxonomique de certaines baleines ne fait pas l'unanimité ; ainsi le rorqual tropical de l'océan Indien serait en fait constitué de trois espèces indifférenciables en mer. Il est donc impossible d'allouer les statistiques de captures et les estimations d'abondance à des espèces précises[...]
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Écrit par
- Jean-Benoît CHARRASSIN : docteur en sciences, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, membre de la délégation française de la Commission baleinière internationale
- Vincent RIDOUX : professeur à l'université de La Rochelle, directeur du centre de recherche sur les mammifères marins à l'université de La Rochelle
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