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CHASSE ET CUEILLETTE

Les sociétés de chasseurs-cueilleurs

À quelques exceptions près, les sociétés de chasseurs-cueilleurs présentent un certain nombre de caractéristiques communes qui les distinguent des autres sociétés, agricoles, pastorales ou industrielles.

La première de ces caractéristiques est le nomadisme. Il répond en premier lieu à la nécessité de ne pas épuiser les ressources locales, en particulier celle que constitue le gibier, qui aurait vite fait de déserter les alentours de tout établissement fixe. Les déplacements du groupe sont ponctués par un rythme saisonnier régulier qui tient compte de l'abondance des principales ressources alimentaires accessibles dans les différentes localités aux diverses époques de l'année. Le nomadisme des chasseurs-cueilleurs obéit donc à un ordre et à une certaine rationalité de l'exploitation de l'environnement. L'habitation consiste en de simples huttes de branchages, en des tentes de peaux ou d'écorce, ou brise-vent, plus rarement en des abris sous roche.

En raison du nomadisme, la richesse en biens matériels reste limitée. Un principe d'économie préside à l'allègement maximal de l'équipement, en réduisant le nombre d'outils ou en concentrant sur le même objet de multiples fonctions techniques : ainsi, dans la partie la plus désertique de l'Australie, le propulseur est une arme de jet qui sert également de ciseau à bois, de récipient, de scie pour produire le feu par frottement. Un objet aussi lourd que la meule est abandonné sur place en même temps que le campement : on le retrouvera à cet endroit lors de la prochaine migration. De façon générale, les chasseurs-cueilleurs ne fabriquent pas de poterie.

La seule division sociale du travail en vigueur est celle qui est établie entre les sexes : l'homme chasse et la femme s'occupe de la cueillette des produits végétaux et du ramassage. Les sociétés de chasseurs-cueilleurs sont caractérisées par un profond égalitarisme : pas de classes sociales, ni de stratification, ni d'inégalités marquées en fonction du prestige ou de la richesse. L'obligation du partage alimentaire, en particulier des produits de la chasse, y représente une sorte d'assurance contre la malchance : le groupe réagit solidairement face à une pénurie momentanée. En même temps, la règle du partage fonctionne comme un mécanisme de réduction des inégalités : elle prévient l'accumulation de nourriture ou de biens par les plus doués. Ceux qui sont considérés comme « chefs » ou porte-parole du groupe ne sont tels que dans la mesure où ils se conforment à cet idéal du partage en donnant avec générosité et ils sont souvent plus démunis que les autres. La règle du partage du gibier prend parfois des formes extrêmes ; ainsi il arrive que le chasseur n'ait aucun droit sur sa prise, qui sera partagée prioritairement entre les autres membres du groupe : cette coutume affirme la prééminence de l'appropriation communautaire des produits de chacun sans léser personne puisque tous ont des activités semblables.

Dans cette société nomade, nul ne possède de pouvoir de coercition et les conflits se résolvent par la scission du groupe. La force de la coutume et la crainte des sanctions surnaturelles suffisent en général à faire respecter l'ordre. Il existe diverses formes de rachat, de confession ou d'ordalie permettant de réintégrer le coupable au sein de la communauté. Dans les cas les plus graves, meurtre ou inceste, le délinquant est mis à mort par une action concertée de la communauté ou bien trouve refuge dans un groupe étranger.

La société est organisée en petits groupes locaux de vingt-cinq à cinquante personnes, qui forment l'unité économique de base et qui mènent une vie nomade à l'intérieur des territoires familiers qui leur sont traditionnellement reconnus. Chaque groupe entretient avec[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche, deuxième classe, au C.N.R.S., section ethnologie

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Les San, un peuple nomade - crédits : N. Cirani/ De Agostini/ Getty Images

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