SCHÖNBRUNN CHÂTEAU DE
Cette résidence impériale, si proche de Vienne qu'elle compte à présent comme un monument de la capitale, est à la fois un musée, un palais de réception et le logement de nombreux fonctionnaires (mille deux cents personnes en 1971). L'histoire en est relativement simple : après la victoire décisive sur les Turcs en 1683, l'empereur Léopold voulut posséder un palais aussi prestigieux que Versailles. Il en trouvait l'espace à Schönbrunn. Johann Bernhard Fischer von Erlach lui soumit le projet d'un château sur la hauteur, vers lequel monteraient des jardins en terrasse, à partir d'une vaste entrée d'honneur, avec des grilles, des colonnes coiffées d'aigles colossales (1693). Mais le prudent souverain jugea l'entreprise trop dispendieuse, et l'architecte, inversant son plan, proposa d'établir en bas le château et d'aménager derrière lui un immense parc, jusqu'à la colline et au-delà. Ce qui fut réalisé de 1700 à 1746 par Josef Emanuel Fischer von Erlach puis par Nicolas Pacassi.
Le tableau de Bernardo Bellotto (au Kunsthistorisches Museum de Vienne) donne l'image parfaite de ce qu'était, au temps de Marie-Thérèse, la cour d'honneur de Schönbrunn, entourée de pavillons bas et de galeries, avec la façade principale articulée en avant-corps jusqu'aux pavillons d'angle. Le bâtiment central était rythmé sur deux étages par de hautes colonnes, on y parvenait par des escaliers de côté et par le grand balcon que soutenaient des couples de petites colonnes. Un belvédère couronnait le tout. La manie antiquisante du début du xixe siècle a entraîné la perte de beaucoup de détails décoratifs. Le Schönbrunn actuel accuse plus de sécheresse, mais l'ensemble, la façade d'honneur et la façade sur le parc respirent le goût délicat du xviiie siècle, sa recherche de grâce et d'harmonie. C'est Marie-Thérèse qui, dans ses dernières années (1775), décida d'édifier sur la hauteur une grande fabrique à colonnade, la Gloriette (architecte F. de Hohenberg), qui couronne la perspective de tout le parc, contemplée depuis la façade du château. La décoration intérieure de l'étage noble comporte la grande et la petite galerie, communiquant entre elles et décorées par les fresques de Guglielmi, qui célèbrent le règne de Marie-Thérèse. La petite galerie se trouve au centre de la série de salles d'apparat, de salons et de cabinets dont la décoration reflète le goût personnel de Marie-Thérèse, éclectique et raffiné (cabinets chinois ; salle de laque ; Millionenzimmer, chef-d'œuvre du rococo). Napoléon a habité Schönbrunn lors de ses victoires de 1805 et de 1809, son fils y est mort en 1832 et, dans la seconde partie de son long règne, François-Joseph y a vécu presque constamment.
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Écrit par
- Victor-Lucien TAPIÉ : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
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