CHÂTEAUROUX
Chef-lieu du département de l'Indre, la commune de Châteauroux comptait, lors du recensement de 2012, 47 128 habitants, l'agglomération 61 940 et l'aire urbaine 92 723.
La ville de Châteauroux a été précédée dans l'histoire par Déols, premier centre chrétien (ive siècle) du Bas-Berry. Au xe siècle, les seigneurs de Déols s'installent sur un coteau de la rive gauche de l'Indre où Raoul le Large fait bâtir une forteresse (937). Le Château-Raoul entraîne le développement d'un modeste foyer urbain composé d'artisans et de commerçants.
Vassaux des comtes de Poitiers, les seigneurs de Déols se rattachent à un ensemble géopolitique tourné sur l'Aquitaine. Henri II, duc d'Aquitaine et roi d'Angleterre, devient ainsi maître du Bas-Berry (1176). Mais en 1200, le traité du Goulet fait basculer la seigneurie de Châteauroux dans le domaine d'influence des Capétiens. Malgré les guerres entre Anglais et Français, très actives sur ces territoires frontaliers, le Château-Raoul reste fidèle à la couronne de France.
Si la ville rivalise difficilement avec l'influence régionale restaurée de Bourges, capitale du Berry, Châteauroux profite de l'appui de l'administration royale. En 1680, la réparation du chemin du Limousin à Paris, passant par Châteauroux, améliore grandement les échanges avec la capitale. Le souci de la monarchie d'encourager l'économie de ces « pays pauvres » amène à favoriser les productions agricoles « industrielles » (chanvre et élevage de moutons pour leur laine), afin de fournir la matière première à une industrie textile que l'on cherche à développer. À la fin du xviie siècle, Châteauroux et sa région emploient plus de 10 000 ouvriers dans la confection de draps (une manufacture sera créée en 1751), destinée au marché militaire des uniformes. À la veille de la Révolution, la ville compte près de 8 000 habitants.
En 1790, Châteauroux devient chef-lieu de l'Indre et s'affranchit de la tutelle de Bourges. Outre ses nouvelles fonctions administratives, la ville enregistre au xixe siècle un renforcement de ses bases économiques par l'industrialisation. L'arrivée du chemin de fer en 1847 consacre les relations de dépendance avec Paris tout en diversifiant une économie locale, spécialisée dans l'industrie textile et les commandes de l'armée, vers de nouveaux secteurs (manufacture des tabacs). Dans un contexte régional dédié à l'industrie militaire, son éloignement des frontières orientales est bénéfique et conduit, en 1936, à la création d'une usine d'aviation par l'ingénieur Marcel Bloch, qui reprendra ses activités aéronautiques après la guerre sous le nom de Dassault.
Après 1945, la ville profite de l'installation, à partir de 1951, d'une importante base aérienne américaine à la Martinerie-Déols, mais sa fermeture, en 1967, précipite la cité dans une situation de restructuration économique, insolite dans cette période des Trente Glorieuses. La décentralisation industrielle permet de surmonter la crise. Si l'éloignement de Paris limite l'importance de ces déconcentrations (5 000 emplois créés dans l'Indre), Châteauroux y gagne tout de même 27 p. 100 de sa population. À partir de 1975, malgré la modernisation des infrastructures de communication (autoroute A20 gratuite, aéroport de Châteauroux-Centre), la ville connaît une dégradation de sa situation, accentuée par un environnement démographique départemental peu favorable. Les faibles niveaux de qualification et de salaire ne constituent plus désormais des atouts. La cité rencontre des difficultés pour diversifier son économie, pas assez tournée vers des fonctions de commandement et d'innovation. Elle tente toutefois de se tourner vers l’avenir en créant le parc d’activité Châteauroux Business District, en 2010. Malgré son pôle culturel[...]
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Écrit par
- Franck GUÉRIT : maître de conférences à l'université d'Orléans
Classification
Média