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CHEMIN NÉOCATÉCHUMÉNAL

Le Néocatéchuménat, également connu sous le nom de Chemin néocatéchuménal, ou plus simplement « le Chemin », est peut-être le plus controversé des nouveaux mouvements ecclésiaux qui ont rapidement prospéré au sein de l'Église catholique dans la seconde moitié du xxe siècle, bénéficiant en particulier de la protection de Jean-Paul II. Le mouvement est fondé en 1964 par un artiste peintre, Francisco (Kiko) Argüello, et une ancienne sœur, Carmen Hernández, à Palomeras Altas, un bidonville de la banlieue de Madrid. Le transfert de son siège à Rome en 1968 s'est révélé décisif pour son expansion. Le succès de son implantation dans des paroisses notoirement déchristianisée de Rome a suscité l'admiration du pape Paul VI et plus tard celle de Jean-Paul II, qui a personnellement visité des paroisses reprises en main par le Chemin à plus de deux cents occasions.

Le Chemin fonctionne exclusivement à l'intérieur du cadre paroissial. Sa structure fortement hiérarchique se déploie depuis Rome grâce à l'action de catéchistes itinérants célibataires et de couples mariés appelés « familles missionnaires » qui se rendent, avec leurs enfants, dans des régions parfois lointaines et dangereuses, considérées par l'organisation comme déchristianisées. Dans chaque pays, les activités sont dirigées par une équipe nationale.

Leur but est d'implanter un catéchuménat, c'est-à-dire un cours d'initiation chrétienne, que les chefs du mouvement présentent comme la réactualisation de l'Église primitive, d'où son nom de « néocatéchuménat ». Ce cours, prescrit jusque dans ses moindres détails par des documents édictés par Argüello et Hernández, prévoit une initiation sur vingt années à suivre avec ferveur et en secret au sein de « communautés » devant compter une quarantaine de membres au maximum. S'étant ménagé au préalable l'appui du prêtre de la paroisse, ils organisent une séance de recrutement chaque année en automne, qui a pour résultat l'établissement d'une nouvelle « communauté ». Les paroisses gagnées au Chemin peuvent compter plus de vingt communautés de ce type, chacune à une étape différente du catéchuménat, et chacune célébrant sa propre messe hebdomadaire. Les nombreuses salles exigées pour ces célébrations séparées sont construites spécialement, souvent dans la crypte de l'église hôte. Les détails de l'initiation sont entourés du secret, et les dirigeants du Chemin nient l'existence de toute directive écrite, même si un certain nombre de documents de cette nature sont tombés entre les mains de non-membres. À ceux qui s'engagent dans le cours néocatéchuménal, il est expressément interdit de poser des questions et aucune indication ne leur est donnée sur sa durée ou son contenu.

Le Néocatéchuménat a connu une expansion internationale rapide. Au milieu des années 1990, il affirmait avoir fondé 13 500 communautés dans 4 000 paroisses de 100 pays différents, et revendiquait 250 000 membres. À un moment où les vocations sacerdotales étaient au plus bas, le Chemin affichait un succès remarquable en recrutant de nouveaux prêtres. Quarante de ses séminaires diocésains Redemptoris Mater étaient disséminés dans le monde. En 2000, son propre séminaire à Rome fournissait à lui seul plus du tiers des ordinations dans le diocèse. Aux Journées mondiales de la jeunesse tenue la même année à Rome, 5 000 de ses jeunes membres se déclaraient volontaires pour la prêtrise et la vie religieuse lors d'un rassemblement de masse organisé dans l'antique cirque Maxime. Le mouvement a montré sa capacité à attirer un grand nombre de jeunes lors de ces Journées.

Ces succès ont été récompensés par l'octroi de rôles consultatifs pour les chefs du mouvement dans diverses institutions de la curie et[...]

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  • CATHOLICISME - Les nouveaux mouvements ecclésiaux

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    • 2 474 mots
    ...laïcisation ambiante qui la caractérise peut déboucher sur des utopies pratiquées (la città nuova des Focolari ou la communauté chrétienne des origines dans le Chemin néo-catéchuménal). L'organisation interne peut connaître un maximum de différenciation ou, au contraire, se développer uniquement selon...