CHÊNAIES
Les chênaies sont des forêts constituées en totalité ou en grande partie de chênes, ce qui exclut les peuplements arbustifs, tels que les « brousses » à chêne kermès du Midi méditerranéen. La distinction est quelquefois subtile, ainsi Quercus calliprinos atteint de grandes dimensions en Méditerranée orientale, alors qu'il est considéré comme spécifiquement indistinct du Kermès (Q. coccifera). C'est dire aussi que le nombre d'espèces de Chênes (genre Quercus, fam. des Fagacées) est lui-même variable selon les auteurs, en tout cas nettement supérieur à 200. Il existe des chênaies pures, mais il y a aussi des forêts dans lesquelles le chêne, bien qu'abondant, est accompagné d'une ou plusieurs autres essences forestières : chênaies à bouleau, à charme, à tilleul ; chênaie-charmaie, chênaie-frênaie, etc. Ces forêts sont parfois de simples variantes de chênaies pures, parfois aussi des types forestiers particuliers par leur écologie et leur productivité.
Les chênaies se développent sous des climats modérément chauds et humides, soit tempérés (avec prédominance des chênes à feuillage caduc), soit méditerranéens (avec prédominance des chênes à feuillage semi-persistant ou persistant). Il existe néanmoins des chênaies d'altitude dans les régions chaudes (Amérique, Afrique du Nord, Asie) ; ainsi, sur les versants sud de l'Himalaya, les forêts de l'étage montagnard (entre 2 500 et 3 100 m) renferment l'espèce sempervirente Q. semecarpifolia. La résistance à la sécheresse peut être forte : en Israël, Quercus ithaburensis supporte des périodes de six mois sans pluie, avec 500 mm d'eau annuellement. Sous un climat frais et humide, tel celui du nord-ouest de la France, les chênaies sont fortement concurrencées par les hêtraies. Elles supportent bien les fortes variations thermiques des régimes continentaux, comme ceux de l'Europe centrale et orientale ou de la moitié est des États-Unis.
Les groupements de chênes d'Asie tempérée (en particulier en Mongolie et en Chine du Nord, par exemple à Quercus dentata, répondent aux forêts mélangées de l'est de l'Amérique du Nord, avec plusieurs dizaines d'espèces souvent de grande taille, caducifoliées au nord (Q. velutina, Q. palustris...), sempervirentes au sud (Q. virginiana...) ; d'autres chênes, dispersés ou forestiers, peuplent une étroite bande de la façade pacifique de l'Amérique du Nord. Dans le chaparral californien comme au Moyen-Orient, ils se rapprochent des groupements arbustifs du Midi méditerranéen. On envisagera donc essentiellement dans cet article les chênaies d'Europe occidentale, prises comme exemple de groupement végétal de plaine ou de moyenne montagne.
Principaux chênes d'Europe
La flore européenne compte environ 27 espèces de Chênes, particulièrement nombreux à la périphérie du bassin méditerranéen. En France, sont particulièrement répandus le pédonculé (Quercus pedunculata = Q. robur), le sessile (Q. sessiliflora = Q. petraea), le pubescent (Q. pubescens), l'yeuse ou chêne vert (Q. ilex) et le chêne-liège (Q. suber) ; d'autres ne donnent que des peuplements peu étendus : le tauzin (Q. Toza) du sud-ouest de l'Europe et le chêne chevelu (Q. cerris), médio-européen. Des chênes rouges d'Amérique (Q. rubra) sont souvent plantés en forêt.
Tous ces chênes sont des essences de lumière, ce qui signifie que les jeunes sujets tolèrent et même exigent une situation ensoleillée : leur développement se fait mal en sous-bois dense d'où la nécessité de réaliser des éclaircies importantes (coupes claires ou même « à blanc »). Leurs autres besoins écologiques sont plus variables.
Les chênes méditerranéens au sens large
Le chêne-liège est celui qui exige le plus de chaleur : il se trouve dans la région méditerranéenne,[...]
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Écrit par
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
Classification
Médias
Autres références
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FORÊTS - La forêt, un milieu naturel riche et diversifié
- Écrit par Yves BASTIEN et Marcel BOURNÉRIAS
- 8 183 mots
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Les actions biotiques végétales sont faciles à observer. Dans la futaie de chênes des environs de Paris, par exemple, le sol reçoit au maximum 15 p. 100 de la lumière solaire, éclairement tout juste suffisant pour la croissance des jeunes chênes (essence de lumière) et beaucoup plus favorable...