CHÊNAIES
La chênaie silicicole
Cette chênaie est souvent qualifiée de « sessiliflore », à cause de l'essence dominante, ou d'« atlantique », car elle est bien représentée en Europe occidentale ; elle couvre 700 000 ha en France sous forme de futaie, et beaucoup plus si on ajoute les taillis.
La chênaie silicicole typique
Elle se caractérise à la fois par les espèces végétales qui y croissent (composition floristique) et par son écologie.
Les arbres de première grandeur, traités en futaie ou en taillis, sont surtout des chênes sessiles, avec souvent quelques pédonculés, châtaigniers, et bouleaux ; le sous-étage arbustif, assez dispersé, renferme la bourdaine, le néflier, le houx, le chèvrefeuille (Lonicera Periclymenum), et parfois le sorbier des oiseleurs.
La strate herbacée, souvent dense, comporte de nombreuses espèces, dont les plus typiques sont en France, la canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), le millepertuis élégant (Hypericum pulchrum), Teucrium scorodonia, Veronica officinalis, la fougère grand aigle (Pteridium aquilinum), le muguet (moins caractéristique mais très fréquent), des mousses, également abondantes (Polytrichum attenuatum, Leucobryum glaucum en coussins blanchâtres...) ; le cèpe (Boletus edulis) et la girolle (Cantharellus cibarius) préfèrent ce biotope.
Écologie
Le sol de cette chênaie est établi sur substrats non calcaires et bien drainés : les alluvions anciennes décalcifiées, sables, arènes granitiques lui conviennent particulièrement. Ces substrats permettent le développement d'un sol podzolique acide (pH voisin de 5), avec humus de type moder.
Le microclimat forestier est surtout caractérisé par une intensité lumineuse assez forte : en futaie, 15 p. 100 de la lumière solaire en moyenne parvient à la strate herbacée, contre moins de 5 p. 100 dans beaucoup d'autres forêts ; cette chênaie est une forêt claire.
Exploitation forestière
Le taillis, simple ou sous futaie, est coupé à courte révolution (de 25 à 40 ans), ce qui permet aux souches de rejeter, mais les produits fournis sont médiocres. Les coupes d'exploitation de la futaie sont espacées de 100 à 200 ans ; elles fournissent des bois de grande qualité, mais doivent être complétées par des traitements visant à reconstituer la futaie : la lumière que celle-ci laisse passer est en effet insuffisante pour permettre une bonne croissance des semis. Les coupes d'exploitation sont donc précédées de coupes d'ensemencement et suivies de coupes de dégagement et d'éclaircie ; ces dernières sont destinées à protéger les semis de la concurrence, puis à espacer convenablement les jeunes arbres sélectionnés.
À l'occasion de ces coupes apparaissent, surtout la seconde année, de hautes plantes herbacées caractéristiques : la digitale pourpre, l'épilobe en épi (Epilobium angustifolium), Polygonum dumetorum, Senecio silvaticus, des ronces comme Rubus suberectus, etc. ; ces plantes à développement temporaire sont généralement peu nuisibles, mais des coupes maladroitement exécutées peuvent provoquer la prolifération de graminées denses ou de plantes buissonnantes de la lande (genêts, bruyères), étouffant les semis et entraînant la formation d'une chênaie dégradée.
Variantes non dégradées
Certaines chênaies sessiliflores présentent quelques particularités floristiques. Ainsi l'abondance du châtaignier peut-elle entraîner un assombrissement du sous-bois et un appauvrissement de la strate herbacée. Parfois aussi des variations écologiques retentissent sur le cortège floristique de la chênaie. On aura par exemple :
– la chênaie à myrtille (nord et ouest du Bassin parisien) liée à une atmosphère humide ; elle se distingue par la myrtille, la maianthème, la molinie, par des fougères (Blechnum spicant) ; le sorbier des oiseleurs devient abondant, le hêtre peut devenir envahissant en futaie.[...]
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Écrit par
- Marcel BOURNÉRIAS : docteur ès sciences, professeur agrégé en sciences naturelles
Classification
Médias
Autres références
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FORÊTS - La forêt, un milieu naturel riche et diversifié
- Écrit par Yves BASTIEN et Marcel BOURNÉRIAS
- 8 183 mots
- 16 médias
Les actions biotiques végétales sont faciles à observer. Dans la futaie de chênes des environs de Paris, par exemple, le sol reçoit au maximum 15 p. 100 de la lumière solaire, éclairement tout juste suffisant pour la croissance des jeunes chênes (essence de lumière) et beaucoup plus favorable...