CHEROKEE
Indiens d'Amérique du Nord de la famille linguistique des Iroquois, les Cherokee habitaient dans l'est du Tennessee et dans l'ouest des deux Carolines. Ils vivaient autrefois dans la région des Grands Lacs, mais ils émigrèrent vers le sud après avoir été vaincus par les Delaware et par les Iroquois. En 1650, on estimait leur population à environ 25 000 personnes vivant sur un territoire de 100 000 kilomètres carrés dans les Appalaches.
La vie et la culture des Cherokee ressemblaient beaucoup à celles des Creek et des autres Indiens du Sud-Est. La nation cherokee était composée d'une confédération de villes rouges pour la guerre et blanches pour la paix, dont les chefs étaient subordonnés respectivement au chef de guerre suprême et au chef de paix suprême. Tandis que dans les villes blanches l'asile était offert aux malfaiteurs, dans les villes rouges avaient lieu les cérémonies de guerre. Les Cherokee étaient divisés en sept clans sans doute en rapport avec les sept « villes mères » de la nation cherokee ; chacune d'elles avait son chef héréditaire en ligne maternelle.
À l'arrivée des Européens, au milieu du xvie siècle, les Cherokee possédaient une grande variété d'instruments de pierre : couteaux, haches, burins ; ils pratiquaient la vannerie, la poterie et ils cultivaient le maïs, les haricots et les courges. Les cerfs, les ours et les élans leur fournissaient la viande et les vêtements. Ils habitaient des huttes de rondins au toit d'écorce. Ils se réunissaient dans la maison du conseil où brûlait le feu sacré. La fête du Maïs Vert était une cérémonie religieuse importante où s'accomplissaient les rites des premières récoltes et du feu nouveau.
Alliés des Anglais, les Cherokee soutinrent le roi contre les colons pendant la guerre de l'Indépendance et leur furent hostiles jusqu'en 1794. À cette époque, comme les Blancs ne cessaient d'empiéter sur leur territoire, une partie de la tribu émigra plus au sud, en Alabama ; une autre partie traversa le Mississippi et s'installa dans l'Arkansas.
Après 1800, les Cherokee assimilèrent la culture blanche de manière étonnante. Vers 1820, Sequoya, un métis cherokee qui avait servi dans l'armée américaine pendant la guerre Creek, élabora l'alphabet de la langue cherokee. Ce syllabaire eut tant de succès qu'en très peu de temps presque toute la tribu sut lire. Ils adoptèrent une constitution écrite et on vit naître une littérature religieuse comprenant des traductions de textes chrétiens. Un journal indien, le premier du genre, le Cherokee Phoenix, commença a être publié en février 1828. Lorsqu'on découvrit de l'or sur le territoire cherokee, en Georgie, on fit pression sur le gouvernement pour en éloigner les Indiens. En décembre 1835, le traité de New Echota, signé par une toute petite minorité de Cherokee, cédait aux États-Unis le territoire à l'est du Mississippi pour la somme de 5 000 000 de dollars. On appela cet exode, qui eut lieu pendant l'hiver de 1838-1839, la Piste des larmes. Sur 18 000 Cherokee qui commencèrent la marche vers l'ouest, 4 000 périrent de maladie et de froid ; les autres, lorsqu'ils arrivèrent dans leur domaine (le nord-est de l'Oklahoma), connurent de nouvelles controverses avec les colons blancs déjà installés. Les vendettas et les meurtres se succédèrent au sein de la tribu en représailles contre ceux qui avaient signé le traité de New Echota. Dans l'Oklahoma, les Cherokee se joignirent à quatre autres tribus, les Creek, les Chickasaw, les Choctaw et les Séminole, qui avaient dû quitter le Sud-Est sous la pression du gouvernement américain dans les années 1830. Pendant soixante-quinze ans, chaque tribu eut son propre territoire et un gouvernement pratiquement autonome copié sur celui des États-Unis. Quand l'Oklahoma devint un État en 1907, le territoire tribal fut ouvert aux colons blancs[...]
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Écrit par
- Agnès LEHUEN : maître en anthropologie
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