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HIMES CHESTER (1909-1984)

Chester Himes - crédits : Afro American Newspapers/ Gado/ Getty Images

Chester Himes

Romancier afro-américain, Chester Himes naît le 29 juillet 1909 à Jefferson (Missouri) dans une famille d'enseignants. Il entreprend des études universitaires à l’université de Columbus, brutalement interrompues en 1929 par sa condamnation à vingt ans de prison pour vol à main armée. Il sera libéré en 1936. Il publie en 1945 son premier livre, S'il braille, lâche-le (If He Hollers, Let Him Go), qui rencontre un vif succès. Viennent ensuite plusieurs romans réalistes d'une impitoyable lucidité et d'une rare maîtrise : La Croisade de Lee Gordon (LonelyCrusade, 1947), Jette la première pierre (Cast the First Stone, 1953), La Troisième Génération (The ThirdGeneration, 1954), La Fin d'un primitif (The Primitive, 1955), mais ces œuvres fortes arrivent trop tôt dans l'Amérique maccarthyste.

En 1954, Himes quitte les États-Unis pour s'installer en France. C'est là que, sur une suggestion de Marcel Duhamel, directeur de la Série noire, il entreprend pour pouvoir vivre d'écrire des romans policiers. De 1958 à 1961, il en fera paraître sept, de La Reine des pommes (The Five-Cornered Square) à Ne nous énervons pas (Be Calm). Tous se déroulent à Harlem, dont ils donnent une peinture à la fois féroce et attendrie : univers burlesque, à mi-chemin entre Rabelais et Mack Sennett, où les gangsters tiennent le haut du pavé, où chacun cherche à échapper à son sort par la drogue, le jeu ou la religion, où les personnages sont pris dans des combines invraisemblables et dans des poursuites effrénées. Les deux inspecteurs noirs, Ed Cercueil Johnson et Fossoyeur Jones, arpentent, goguenards et désabusés, ce monde bariolé et cruel, témoignage percutant sur la condition noire aux États-Unis.

On revoit les deux inspecteurs dans Retour en Afrique (Cotton Comes to Harlem, 1963), et surtout dans L'Aveugle au pistolet (Blind Man with a Pistol, 1969). Mais dans cette dernière œuvre ils ne sont plus, à dessein, qu'un fil de liaison (leur enquête n'aboutira jamais) unissant de multiples intrigues sans rapports entre elles (escroqueries diverses, Black Muslims, démonstrations pacifistes), dont l'enchevêtrement même symbolise la confusion dans laquelle la communauté noire (l'aveugle du titre) se débat pour être elle-même face à l'Amérique blanche. Chester Himes a publié, enfin, deux livres autobiographiques : The Quality of Hurt (1971) et My Life of Absurdity (1976), rassemblés en traduction française sous le titre Regrets sans repentir, ainsi que deux recueils de nouvelles : Black on Black et Le Manteau de rêve.

Chester Himes meurt le 12 novembre 1984 à Moraira (Espagne).

— Jean-Paul MOURLON

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Écrit par

  • : maître ès lettres modernes, professeur au lycée de Tiaret, Algérie

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Média

Chester Himes - crédits : Afro American Newspapers/ Gado/ Getty Images

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