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CHEVALIERS ROMAINS

Les chevaliers romains constituent un sujet d'étude qui a été entièrement renouvelé dans les années 1970, notamment par deux personnalités, Hans-Georg Pflaum et Claude Nicolet.

Aux origines de Rome, les troupes montées étaient exclusivement recrutées dans le patriciat : l'identité cavalier-chevalier était parfaite. Puis la dissociation se fit lentement, mais sans que pût jamais s'effacer le caractère militaire des equites, ce que prouvent bien la carrière et la personnalité, par exemple, d'un Marius.

C'est après la deuxième guerre punique qu'apparaît l'ordre équestre. Pour en faire partie, il fallait remplir deux conditions : jouir d'une réputation d'honorabilité et refuser d'accomplir les magistratures. Ces deux points étaient vérifiés par le censeur lors du census, une sorte de recensement ; en outre, il fallait être « cavalier », et cette aptitude était contrôlée lors de la cérémonie de la recognitio sur le Forum. Des conditions de cens furent ensuite exigées : le candidat devait posséder quatre cent mille sesterces. Le chevalier voyait son nom inscrit dans un album. Il recevait un « cheval public », c'est-à-dire donné par l'État (les « chevaux privés » n'ont jamais existé que dans l'imagination de certains commentateurs), et le bénéficiaire rendait cette monture en cas d'accès à une magistrature, comme fit Pompée quand il devint consul en ~ 70. Le chevalier avait le droit de porter un anneau d'or, un vêtement particulier, la trabée, et une bande de pourpre étroite sur sa tunique ; enfin, il pouvait s'asseoir au théâtre dans des gradins réservés. Le nombre d'equites, pour la fin de l'époque républicaine, varie selon les historiens de deux mille quatre cents à vingt-trois mille.

Du point de vue social, ces personnages présentaient une très grande hétérogénéité : les uns étaient des fils de familles sénatoriales qui aimaient mieux faire des affaires que suivre la carrière des honneurs, et les autres, les plus nombreux, des notables italiens. Dans leur grande majorité, ils vivaient de la rente foncière, mais une minorité voyante s'occupait du grand commerce ou exerçait des professions libérales : Cicéron était avocat. Ils pesaient sur la vie politique en jouant de leur influence lors des élections, et, de Caius Gracchus à Sylla, eux seuls composaient les tribunaux appelés à juger les sénateurs.

L'ordre équestre était donc une réalité juridique, et non économique. Il en fut de même sous le Haut-Empire, mais un certain nombre de traits originaux firent leur apparition. Les chevaliers constituèrent une sorte de demi-noblesse ou de noblesse de second rang qui se sépara progressivement de l'ordre sénatorial entre l'époque d'Auguste et celle de Caligula. On exigeait toujours des conditions d'honorabilité, de cens (400 000 sesterces, contre 1 million pour les sénateurs), des capacités militaires et le refus des magistratures. Le contrôle était effectué lors du census puis de la transuectio, un défilé où les candidats apparaissaient en armes.

Mais la principale innovation tint en ce que les chevaliers furent mis au service de l'État ; une carrière équestre fut élaborée peu à peu : Auguste avait utilisé, pour se faire représenter, des procurateurs pris parmi ses affranchis ; ces derniers furent progressivement subordonnés à des personnages de rang équestre (la crise de 69, et les règnes de Domitien, Trajan et Hadrien achevèrent cette évolution). Au iie siècle, un cursus complet comprenait trois niveaux. Le jeune chevalier exerçait trois commandements de trois ans chacun (préfecture de cohorte auxiliaire, tribunat angusticlave de légion, préfecture d'aile), puis il passait aux procuratèles. Les personnages de ce rang administraient les biens impériaux, gouvernaient des provinces[...]

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